Les Français adaptent leur comportement d’épargne face aux taux bas et à la faible inflation
D’après les chiffres de la Banque de France, les ménages français ont quasiment doublé les montants alimentant leurs dépôts à vue en 2015. Ainsi, l’an dernier, ces derniers se sont accrus de près de 36 milliards d’euros, contre un peu plus de 18 milliards d’euros en 2014.
Ce mouvement s’accompagne de la poursuite des retraits nets opérés sur les livrets d’épargne, qui se montent à 8,5 milliards d’euros en 2015 après une année 2014 déjà négative à hauteur de 7,3 milliards d’euros. A l’inverse, l’épargne logement, qui bénéficie d’une rémunération plus attractive (le taux du PEL était en effet encore de 2,50 % jusqu’au 31/01/2015 puis de 2 % le reste de l’année 2015), continue d’attirer un flux croissant de placements de la part des ménages français (+ 6,8 milliards en 2015, soit une hausse de près de 43 %).
Parallèlement, l’alimentation des placements en fonds euros des contrats d’assurance-vie, bien que positive de près de 33 milliards d’euros, a enregistré l’an dernier une décroissance de 25 % par rapport à sa performance de 2014 (43,4 milliards d’euros).
Les Français semblent ainsi, dans un contexte de taux d’intérêt bas et d’inflation quasi-nulle, adapter leur comportement d’épargne de précaution en privilégiant la disponibilité immédiate de leurs placements plutôt que d’opter pour des supports qu’ils jugent, à moins de 1 % pour le livret A (1 % jusqu’au 1er août 2015, 0,75 % ensuite), trop faiblement rémunérateurs.
Hausse du pouvoir d’achat des ménages français
Les données publiées par la Banque de France montrent par ailleurs que l’épargne financière des ménages a sensiblement augmenté sur l’année 2015 (+ 38 %). Cette hausse résulte de la progression du taux d’épargne des Français qui, d’après les chiffres de l’Insee s’est établi à 15,9 % au quatrième trimestre 2015, son plus haut niveau depuis mi-2011, contre 15,1 % en début d’année.
Toutefois, cette progression du taux d’épargne ne s’est pas faite au détriment de la consommation puisque celle-ci a progressé au rythme de 1,4 % en moyenne en 2015. Elle n’a pas été réalisée non plus par une chute des investissements immobiliers des ménages, les professionnels indiquant au contraire que l’année 2015 a été marquée par une reprise du volume des ventes, grâce à la faiblesse des taux d’intérêt.
Il apparaît qu’en fait les ménages ont bénéficié en 2015 d’un regain de pouvoir d’achat –que l’Insee chiffre à + 1,8 % sur l’année 2015- lié à la forte baisse des prix de l’énergie (ceux-ci ont reculé de 4,7 % au cours de l’année dernière), qui se serait notamment traduit par une hausse de leur capacité d’épargne financière. Sans doute non anticipée, et dans un contexte de faiblesse des rendements de l’épargne sans risque et d’inflation nulle, cette hausse a apparemment conduit les ménages à adopter un comportement attentiste les amenant à en thésauriser une grande partie.