Le Conseil d’orientation des retraites (COR) vient de publier la 3ème édition de son rapport annuel sur les évolutions et les perspectives des retraites en France. Le COR a procédé à une actualisation des projections à court, moyen et long terme du système de retraite. Les projections sont réalisées à législation inchangée, mais en tenant compte des évolutions de réglementation déjà actées, tel que le dernier accord Agirc-Arrco du 30 octobre 2015 instaurant notamment un coefficient de solidarité (minoration ou majoration temporaire de la pension de retraite complémentaire) et avec des hypothèses de croissance réévaluées.
Une dégradation du solde financier du système de retraite entre 2000 et 2015
Dans son dernier rapport annuel, le COR constate que : « malgré la hausse des ressources du système de retraite entre 2002 et 2015 (+ 2 points de PIB), la hausse plus forte encore des dépenses (+2,6 points du PIB) s’est traduite par une dégradation du solde financier sur la période.Ce dernier passe ainsi d’un excédent annuel jusqu’en 2007 à un besoin de financement annuel, qui s’est fortement creusé entre 2008 et 2010 mais se réduit depuis. Le besoin de financement, qui a atteint 0,7 % du PIB en 2010, représente 0,3 % du PIB en 2015. »
Selon les projections du COR, le système de retraite pourrait revenir à l’équilibre en 2020
Selon les scénarios économiques considérés, sans distinction à l’horizon de 2020, le solde financier du système de retraite s’établirait à -0,2 % du PIB en 2020 (soit environ 4,5 milliards d’euros contre un déficit estimé à 0,4 % soit de l’ordre de 9 milliards d’euros, dans son rapport 2015).
Dans des scénarios de croissance suffisante des revenus d’activité (1,5 %, 1,8 % et 2 %), le système de retraite pourrait revenir à l’équilibre dès le milieu des années 2020 et dégager des excédents à plus long terme.
Mais en cas de croissance inférieure à 1,5 % par an, le système de retraite pourrait rester de manière persistante en besoin de financement. « A l’inverse, le système de retraite resterait durablement en besoin de financement en cas de croissance des revenus d’activité inférieure à 1,5 % par an à long terme. Dans le scénario 1,3 %, le besoin de financement se stabiliserait à environ 0,2 % du PIB à partir du milieu des années 2030. Dans le scénario 1 %, les besoins de financement augmenteraient chaque année pour atteindre 1,4 % du PIB en 2060. »
L’impact du taux de chômage moindre que celui de la croissance des revenus
Le taux de chômage a une incidence sur le solde financier du système de retraite, notamment en raison de son impact sur le rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités.
Un taux de chômage de 4,5 % plutôt que de 7 % améliorerait le solde financier du système de retraite. A l’inverse, un taux de chômage à 10 % plutôt qu’à 7 % dégraderait ce solde. Toutefois, le COR note que « l’ampleur de ces écarts reste plus faible que celle due aux différences d’hypothèse de croissance des revenus d’activité ».
Le COR constate une plus forte dépendance du système de retraite à la croissance plutôt qu’au chômage. « La situation financière du système de retraite serait nettement meilleure avec un taux de chômage à 10 % mais des revenus d’activité croissant de 2 % par an (excédent de 1,7 % du PIB en 2060) qu’avec un taux de chômage de 4,5 % mais une croissance des revenus d’activité de 1,5 % par an (excédent de 0,5 % du PIB en 2060) ».
Le solde financier à l’horizon de 25 ans
Le COR analyse l’évolution du solde financier du système de retraite à l’horizon de 25 ans (de 2016 à 2040 inclus).
Vers une évolution à la baisse du niveau de vie des retraités ?
En 2014, la pension totale moyenne de l’ensemble des retraités représentait en moyenne 52,1 % du revenu d’activité brut moyen de l’ensemble des personnes en emploi. Sur les cinq dernières années, la pension nette moyenne des retraités a augmenté plus vite que le revenu d’activité moyen.
Pour évaluer le niveau de vie des retraités, il faut également tenir compte des autres revenus (revenus du patrimoine…), de la fiscalité et de la structure des ménages (moins d’enfants à charge…). « En 2013, le niveau de vie moyen des retraités est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population, le ratio entre les deux étant de 105 %. »
Dans le cadre des différents scénarios économiques précédemment présentés, la pension moyenne continuerait de croître en euros constants, mais moins vite que les revenus d’activité. Par conséquent,la pension moyenne rapportée au revenu d’activité moyen tendrait à diminuer. Et le niveau de vie des retraités rapporté à celui de l’ensemble tendrait également à se réduire. Il se situerait entre 82,9 % et 96,8 % en 2040, passant entre 74,0 % et 94,1 % en 2060.