Fin 2014, le patrimoine net des ménages s’élève à 10 221 milliards d’euros. Il se compose à 61 % d’actifs non financiers (essentiellement immobiliers), et à 39 % d’actifs financiers.
La baisse de la détention de valeurs mobilières et la hausse de celle de l’assurance vie
L’assurance vie est un placement qu’apprécient beaucoup les Français : 36,5 % des ménages en possèdent au moins une. L’assurance vie permet non seulement d’accumuler un patrimoine en cours de vie, mais également de le transmettre dans des conditions fiscales avantageuses. Sa détention augmente avec l’âge : il y a deux fois plus de détenteurs parmi les ménages dont la personne de référence a 60 ans ou plus (42 %) que parmi les moins de 30 ans (21 %). Sa sécurité contraste avec le risque des valeurs mobilières.
On remarque que depuis 2004, et plus spécifiquement depuis la crise de 2008, un découplage a lieu entre les taux de détention d’assurance vie, principale composante de l’épargne retraite, et de valeurs mobilières. Ainsi, alors qu’en 2004, 24,2 % des Français possèdent des valeurs mobilières dans leur portefeuille financier, ils ne sont plus que 16,5 % à en posséder en 2015. L’incertitude à l’égard de l’avenir et la volonté de privilégier la sécurité sur le rendement (et bien d’autres raisons, que détaille le rapport de l’AMF sur l’observatoire de l’épargne) ont conduit les Français à se détourner des placements risqués comme les actions, pour se réfugier dans l’assurance vie (en euros) ou le livret A. Les Français utilisent ces deux produits pour y loger leur épargne de précaution En effet, disposer de réserves en cas d’imprévus est le 1er motif d’épargne des Français. Cette préoccupation est citée en premier par 42 % des ménages épargnants. Vient ensuite la volonté de préparer ses vieux jours, citée par 25 % des ménages épargnants. On remarque que ces deux préoccupations sont assez sensibles à l’âge et moins sensible au niveau de revenu. Enfin, la volonté d’acheter sa résidence principale est citée par 10 % des ménages épargnants et reste une préoccupation des ménages les plus jeunes : un tiers des moins de 30 ans le cite comme 1er motif d’épargne.
Ce décrochage des valeurs mobilières ne saurait faire oublier que son taux de détention diffère selon de multiples facteurs, notamment l’âge et la profession des détenteurs. Si seuls 7 % des moins de 30 ans possèdent des valeurs mobilières, 18,4 % des 60 à 69 ans en ont.
L’écart est encore plus grand quand on met en relation cette détention avec le type d’emploi des Français. Ainsi, 32,9 % des agriculteurs détiennent des valeurs mobilières. Ce taux élevé se relativise par le fait que les agriculteurs ne représentent que 1,4 % de la population française. Les professions libérales, dont la part démographique est également de 1,4 %, ont en moyenne un taux de détention de valeurs mobilières de 43,5%. A l’inverse, les employés, qui représentent 13,1 % des habitants, ne sont que 7,7 % à posséder de telles valeurs en 2015.
Le maintien des taux de détention d’un patrimoine immobilier
Si les valeurs mobilières décroissent, l’immobilier est stable, voire en légère augmentation (+ 1,4 point entre 2004 et 2010, + 0,8 point entre 2010 et 2015), pour finalement être détenu par 62,7 % des ménages français, pour l’essentiel sous forme de résidence principale. Ce taux de détention est très supérieur chez les couples qui sont près de 75 % à détenir un patrimoine immobilier.
Attention, le taux de détention des actifs patrimoniaux varie en fonction de la situation financière du ménage, notamment en fonction de ses revenus. Ainsi, seul 25 % des ménages du 1er décile de revenu sont propriétaires du logement qu’ils occupent contre près de 80 % parmi les 10 % des ménages les plus riches. A contrario, les livrets d’épargne sont diffusés de manière quasiment homogène auprès de l’ensemble des ménages, avec un taux de détention variant de 75 % (chez les 10 % des ménages les plus pauvres) à plus de 90 % (chez les 30 % des ménages les plus riches).
La progression des livrets défiscalisés et surtout du livret A
La crise économique a entrainé un déversement des placements vers les livrets défiscalisés. Au début de l’année 2015, 85,6 % des ménages français en possèdent un. Le livret A en a notamment profité : le taux de détention de livrets A est passé de 57 % en 2004 à 75,8 % en 2015, soit une augmentation de près de 20 points. A cela, au moins deux explications : son plafond a été relevé en 2012-2013, ce qui a limité les besoins de placements complémentaires ; son taux a tendance à moins diminuer que les autres (le 1er août 2016, le taux du livret A a été maintenu à 0,75 %, alors que celui des nouveaux PEL a été abaissé à 1%). Quant à eux, les livrets jeunes et les LEP ont un avantage comparatif de moins en moins grand par rapport au livret A : entre 2004 et 2007, le LEP présentait un taux supérieur d’un point par rapport au taux du livret A ; depuis 2008 cette différence n’est plus que de 0,5 point.
Un patrimoine professionnel possédé essentiellement par les professions indépendantes
Le patrimoine dit « professionnel » peut prendre la forme d’un fonds de commerce, d’une entreprise, de terres, de bâtiments, sans qu’ils aient besoin d’être exploités de manière professionnelle pour être comptabilisés en tant que tels.
Selon le statut d’indépendant ou non d’un ménage, le taux de détention de ce type de patrimoine change radicalement. Les indépendants en activité, qui représentent 10,6 % de la population française, sont ainsi 73,7 % à avoir un patrimoine professionnel, alors que ceux qui ne sont pas indépendants et qui ne l’ont jamais été, représentent 84 % de la population française, et sont seulement 6,6 % à posséder un tel patrimoine. Au total, en 2015, 15 % de l’ensemble des ménages français possède un patrimoine professionnel.