La production de pétrole a dépassé la consommation au cours des trois dernières années, ce qui a fait baisser le prix de l’or noir et créé un stock de barils (3 milliards de barils rien que dans les pays de l’OCDE – pays industrialisés).
Aussi, cette décision de l’OPEP vise à la fois un renchérissement du pétrole et une diminution du stock de barils. En 2017, la consommation devrait dépasser la production grâce aux nouvelles cibles de l’OPEP.
Un accord avec des contours très politiques
L’Arabie Saoudite est de loin le premier producteur de l’OPEP avec un débit actuel de 10,5 millions de barils par jour. Néanmoins, le prix du pétrole est descendu à un niveau tellement bas que le royaume est en déficit budgétaire depuis 2014 (14 % du PIB en 2016 – prévision). Une hausse du prix du pétrole devient donc vitale pour le régime saoudien afin de renouer avec un cycle budgétaire vertueux.
Mais les deux autres grands producteurs, Irak et Iran, traversent des situations bien particulières et ne souhaitaient pas baisser leur débit à court terme. D’un côté, l’Irak a besoin de la manne pétrolière afin de financer son assaut sur l’Etat Islamique. D’un autre côté, l’Iran a été frappé d’un embargo sur sa production entre 2012 et 2015 (en raison de son programme nucléaire), et souhaitait renouer avec son niveau de production d’avant les sanctions.
Au bout de deux mois de négociations, l’accord de Vienne signe une entente entre les trois principaux producteurs de l’OPEP. L’Irak a finalement accepté de baisser sa production, alors que les membres de l’OPEP ont validé une augmentation du débit iranien (seul pays autorisé à augmenter sa production), afin que le pays retrouve des couleurs après trois années d’embargo.
Il convient de souligner que cet accord marque un changement notable par rapport à la situation actuelle, car les pays membres de l’OPEP ne sont soumis à aucun quota.
Par ailleurs, d’autres grands pays producteurs de pétrole, mais ne faisant pas partie de l’OPEP (la Russie au premier rang), ont participé aux discussions et contribuent à l’accord. L’OPEP chiffre cette baisse en production à -600 000 barils par jour.
Les conséquences de cet accord sur l’économie mondiale
Le premier effet est un renchérissement du pétrole, et il n’a pas tardé à se manifester puisque le baril de Brent a progressé de +17 % depuis l’annonce d’accord de l’OPEP. Deuxièmement, les Etats-Unis sont le deuxième plus gros producteur avec un débit journalier de 9 millions de barils, et une hausse du prix du pétrole relancerait la production de gaz de schiste (plus cher à extraire). Ceci aurait néanmoins pour conséquence de ralentir la hausse des cours de l’or noir. Les Etats-Unis ne sont pas membres de l’OPEP.
Dans une optique plus large, un prix du pétrole en hausse alimente l’inflation car le pétrole sert à acheminer les produits (carburants) mais est aussi à l’intérieur de beaucoup de ces produits (pétrochimie). Finalement, le prix des carburants devrait augmenter et le cours de Bourse des sociétés pétrolières s’apprécier (le cours de bourse de Total surperforme largement le CAC 40 depuis le 30 novembre).
Il faut néanmoins souligner que cet accord n’est valable que six mois, même s’il est reconductible. Par ailleurs, les cibles de l’OPEP n’ont pas toujours été atteintes par le passé. En effet, l’organisation ne peux pas sanctionner ses membres, et encore moins ses non-membres.