Ces révélations ont été publiées le 2 décembre par un collectif de journaux européens, dont le coordinateur est l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. La source de ces informations est un citoyen portugais dont l’identité reste secrète, et qui est le responsable du site Football Leaks, qui publie des documents confidentiels depuis un an. Le collectif a promis de publier l’ensemble des révélations tout au long du mois de décembre.
Les dessous du mécanisme
Le schéma dénoncé par Football Leaks aurait été créé en 2004 à l’occasion du transfert de l’entraîneur José Mourinho à Chelsea. Il ne concerne pas les salaires versés par les clubs, dont il est très difficile de dissimuler les montants, mais exclusivement les contrats publicitaires internationaux (hors pays de résidence fiscale). Il s’agit donc d’un subterfuge réservé aux plus grands joueurs, qui ont une aura médiatique mondiale. Les plaques tournantes du mécanisme sont l’Irlande, les Îles Vierges Britanniques et la Suisse.
Si on prend comme exemple un contrat de sponsor avec un constructeur automobile japonais, ce dernier verse des indemnités publicitaires sur un compte offshore en Irlande. Puis l’argent est transféré vers une société écran aux Îles Vierges Britanniques. Dans une dernière étape, la somme est déplacée dans un compte personnel en Suisse.
L’étape irlandaise est importante car, s’agissant d’un pays membre de la zone euro, elle permet de rassurer les sponsors. Dans l’ensemble de ce circuit, les autorités fiscales du pays de résidence du joueur (Espagne par exemple) sont contournées.
Sur les 188 millions € de fraude dénoncées par Football Leaks, la grande majorité (150) reviendrait à Cristiano Ronaldo en raison de ses nombreux contrats publicitaires (Nike en tête). Le montant de cette fraude correspondrait à l’ensemble des années 2009-2016.
Au dernier classement Forbes des sportifs les mieux payés au monde, Cristiano Ronaldo figurait à la première place avec des revenus annuels de 82 millions € en 2015 (salaire + contrats publicitaires).
Une situation délicate pour les autorités espagnoles
Au 2 décembre 2016, Cristiano Ronaldo était en règle avec les autorités fiscales espagnoles. Néanmoins, à la suite de la publication des fuites, le secrétaire d’Etat espagnol au budget a annoncé de nouvelles enquêtes. C’est une situation particulièrement complexe pour l’Etat car la présence de Cristiano Ronaldo en Espagne est une aubaine pour la Ligue de football domestique. A lui seul, le natif de Madère attire les foules dans les stades, les spectateurs devant les télévisions, des touristes à Madrid et des contrats publicitaires pour la Ligue. Avec pour conséquence plus de ressources financières pour le football espagnol.
La situation ne peut donc pas être réduite à un simple manque à gagner fiscal, car un départ de Ronaldo vers un autre pays nuirait beaucoup au football espagnol.
Pour l’heure, les avocats des footballeurs visés nient toute responsabilité et suggèrent que ce sont les clubs, conseillés par des professionnels du droit fiscal, qui auraient poussé à la création du schéma.