Le dernier Pisa éducation financière fut réalisé en 2015 mais l’OCDE vient tout juste d’en rendre publics les premiers enseignements au cours d’une conférence qui s’est tenue le 24 mai 2017. L’occasion pour Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE et la reine Maxima des Pays-Bas, très engagée sur les questions d’inclusion financière, de rappeler toute l’importance qu’ils attachent l’un et l’autre à l’éducation financière.
Un test de grande envergure
Tous les pays de l’OCDE participent aux enquêtes Pisa classiques qui testent le niveau de maths et de lecture. En revanche, le Pisa éducation financière n’est ouvert qu’aux volontaires ; la France l’avait été en 2012, mais n’avait pas renouvelé l’expérience trois ans plus tard, au contraire des Etats-Unis, de la Russie ou de l’Italie qui ont pu mesurer l’évolution entre les deux enquêtes ou des Pays-Bas, volontaires pour la première fois.
Ce sont près de 48 000 élèves représentatifs de 12 millions de jeunes, dans 15 pays, sur 5 continents qui ont été testés de manière approfondie au travers d’un questionnaire d’une heure et d’un entretien sur l’environnement familial et l’expérience en matière d’argent.
Les 43 questions étaient divisées en niveau de difficulté variable mais elles visaient toutes à mesurer la capacité à déterminer les informations essentielles et à faire face à des situations concrètes : appréhender le concept de salaire net au travers d’une fiche de paie, lire une facture et en comprendre les enjeux, déceler une erreur dans un relevé bancaire…
Quelques enseignements universels
Il y a de fortes inégalités entre les différents pays testés, le meilleur – certaines régions de Chine, dont Singapour, étant vraiment très au-dessus du plus faible – le Brésil. Mais les disparités sont encore plus importantes au sein d’un même Etat.
De manière assez surprenante, alors que chez les adultes on note un niveau sensiblement inférieur chez les femmes, chez les jeunes de 15 ans le genre n’est pas vraiment un critère de différenciation.
En revanche, on observe une corrélation très forte entre le niveau de compétences financières et le statut socio-économique ou l’implication des parents (celle-ci allant de pair avec un niveau d’études et de ressources élevé). L’OCDE recommande donc de s’adresser en priorité aux jeunes de milieux défavorisés et d’impliquer en même temps les parents pour amplifier la portée de l’enseignement.
Faire de l’éducation financière au travers de la lecture et des maths, oui ; ce sont des compétences à maîtriser pour s’en sortir financièrement. Mais l’enquête Pisa révèle qu’il n’y a pas une corrélation parfaite – loin de là – entre les résultats en lecture et maths et les performances dans le test d’éducation financière : 38 % des notes reflètent des compétences qui ne sont appréhendées que par le test spécifique d’éducation financière.
Ces conclusions valident les options choisies par la France de fournir aux enseignants des outils pédagogiques mêlant les disciplines classiques et les contenus d’éducation financière.
A la rentrée prochaine, les enseignants du primaire, et les enseignants de mathématiques du cycle 4 (collège) auront à leur disposition des séquences pédagogiques co-construites par le ministère de l’Education nationale, La finance pour tous et la Banque de France. Les exercices ou les activités s’appuieront sur des situations de la vie quotidienne (organisation d’un voyage, choix d’un crédit, comparaison entre différentes sources d’énergie ou carburants…) et seront complétés par des fiches « budget », « coût d’un crédit » ou « prix des carburants »… En attendant, retrouvez nos modules sur notre site ou notre ouvrage mathématique.
De grandes ambitions en France pour développer l’éducation financière
L’éducation financière à l’école s’insère dans un programme d’ensemble dont la Banque de France, opérateur de la stratégie nationale d’éducation financière lancée fin 2016, assure la coordination et la mise en œuvre dans une optique partenariale.