« Une démarche pédagogique est à mener en profondeur pour établir des réflexes d’investisseur de long terme et conduire les épargnants à mieux diversifier leur épargne sans écarter trop rapidement les placements en actions », explique l’AMF, dans un document complet publié début juillet 2017.
Des placements majoritairement sans risques
Très légèrement en deçà de l’Allemagne, le taux d’épargne des ménages français se situe à 14,6 % (5,5 % en comptabilisant uniquement l’épargne financière). C’est bien supérieur à d’autres pays de l’Union Européenne, comme l’Espagne ou l’Italie par exemple.
Toutefois, cette épargne reste encore très majoritairement investie sur des supports sans risques, comme le révèlent les derniers chiffres de la Banque de France. « La part de l’épargne financière des ménages placée sans risque représente environ 77 % de l’encours des placements financiers des ménages français, hors actions non cotées et autres participations », note l’AMF.
La détention d’actions a remonté depuis un an
Selon l’enquête annuelle de Kantar TNS, la détention d’actions a baissé depuis les années 2000, mais semble avoir rebondi en 2017. Représentant 13,8 % en 2008, le taux de détention directe déclaré s’établit à 7,6 % en mars 2017 après avoir touché un point bas en 2016 (6,2 %).
Placements retraite, les « parents pauvres » de l’épargne
Parmi les motifs d’épargne les plus souvent cités figure en première position « se constituer une épargne de précaution en cas d’imprévu » (41,7 %), suivi de « préparer ses vieux jours » (23,3 %) et « acheter sa résidence principale » (10 %). Ces chiffres, issus de la dernière enquête Patrimoine de l’Insee, démontrent que les Français sont nombreux à se déclarer inquiets du montant de leur pension future et conscients de la nécessité d’épargner individuellement. Et pourtant, les placements dédiés à la retraite restent peu développés. Selon l’Insee, en 2015, seuls 16,4 % des Français détenaient un placement dédié à la retraite (contrats collectifs en entreprise, Plan d’Epargne Retraite Populaire, …). Ces supports représentent seulement 5 % de l’épargne financière des Français.
Parallèlement, ils sont nettement plus nombreux à opter pour l’assurance vie, toujours dans un souci de préparation à la retraite. Toutefois, et comme le souligne un sondage réalisé en mars 2017 par Ipsos pour la Fédération Française de l’Assurance, « une très large majorité de Français (72 %) recherche prioritairement le risque zéro pour ses économies quitte à obtenir un rendement modéré ».
Les freins à l’investissement en actions
« La part relativement faible des actifs investie en actions et conservée sur une longue période pénalise leur capacité à constituer un capital pour la retraite dans un monde en croissance, même ralentie, tirée par l’innovation et le développement des économies émergentes », explique l’AMF. Les résultats de l’enquête PATER (Patrimoine et Préférences vis-à-vis du Temps et du Risque) a listé les nombreux freins qui expliquent ce « désamour ». Au-delà du simple constat que les Français préfèrent les placements sans risques, il ressort que c’est également le fait d’une forte méconnaissance des mécanismes financiers. Comme le souligne un rapport du Conseil d’Analyse Economique de 2009, « l’éducation financière limitée des épargnants français et leur faible niveau d’information les empêchent de bénéficier des opportunités d’investissement qui leur sont offertes. (…). Les ménages les plus éduqués ont une part plus importante d’épargne risquée ».
Les leviers pour stimuler l’épargne en actions
L’objectif de l’AMF, en tant qu’autorité, est avant tout de contribuer à la protection de l’épargne par la diffusion d’une information correcte et utile. Celle-ci ne doit en aucun cas tromper les épargnants. L’objectif de sa pédagogie est de convaincre que la protection de l’épargne passe par une meilleure diversification en actions.
Voici ce que pourraient être, selon l’AMF, les actions à mener pour encourager l’épargne en actions.
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Éduquer dans un premier temps : l’un des premiers écueils concernant l’épargne de long terme est le manque de connaissances des individus à l’égard d’un univers qui peut leur apparaître opaque, flou, technique et peu accessible. L’AMF souhaite déconstruire les idées fausses sur l’épargne en actions qui n’est pas, comme les gens le croient souvent, réservée aux « riches » ou à ceux qui s’y connaissent, ni bloquée. Elle n’est pas non plus, dit l’AMF, risquée sur le long terme.
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Impliquer et motiver les épargnants à changer leurs attitudes : il s’agit ici de valoriser l’opportunité du placement en actions, via par exemple les versements programmés, en incitant notamment les entreprises à développer l’épargne salariale.
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Utiliser le levier de la préparation financière de la retraite : le constat est celui d’une réelle méconnaissance autour de la préparation financière de la retraite et des produits dédiés à la retraite et les produits en actions ne sont pas envisagés comme une solution pour la retraite. Le discours sur l’épargne retraite bénéficiera du travail d’éducation financière réalisé en amont pour contrer les a priori et encourager une meilleure compréhension de l’épargne en actions.
L’AMF souhaite aider les épargnants à gagner en confiance et autonomie en matière de décisions d’épargne. Pour des horizons de long terme, les placements en actions constituent la solution de diversification adéquate.
La stratégie nationale d’éducation financière pilotée par la Banque de France, à laquelle de nombreux acteurs participent activement (dont l’AMF et La finance pour tous) permettra d’avancer sur ce sujet toujours sensible.