L’Argentine était, au début du XXème siècle, un des pays les plus prospères au monde. Depuis, le pays a alterné les crises et les déconvenues, entrecoupées de rebonds sans lendemain. A tel point que le pays est aujourd’hui un cas d’école pour les économistes voulant étudier les crises économiques.
Suite au défaut du pays en 2001-2002, le pays avait été dirigé par les époux Nestor et Cristina Kirchner, appartenant au mouvement péroniste, tendance politique proche de l’extrême gauche. La politique économique menée avait été caractérisée par une forte intervention de l’Etat dans l’économie et l’importance des mesures sociales. La croissance avait rebondi au début des années 2000 mais avait plongé pendant la crise de 2009 et ensuite en 2014 dans la foulée de la baisse du prix des matières premières. En fait, le pays n’est pas parvenu à diversifier son économie au-delà des matières premières agricoles (viande, céréales) et reste dépendant des fluctuations de leur cours. La politique des époux Kirchner, hostile aux entreprises privées (par exemple la nationalisation brutale d’YPF, filiale du groupe espagnol Repsol), le conflit avec les « fonds vautour » et la forte inflation (et le maquillage des données officielles) avaient conduit à un faible niveau d’investissement qui a pesé sur la croissance et la diversification de l’économie.
En 2015, Mauricio Macri est élu président et opère un virage à 180° de politique économique en prenant une orientation résolument libérale. Il rembourse les « fonds vautours » de façon à pouvoir emprunter à nouveau sur les marchés financiers (ce qui était impossible tant que le conflit juridique n’était pas réglé), supprime les subventions sur le gaz et l’électricité, limite le déficit public qui était jusque-là financé entre autres par la « planche à billets », ce qui alimentait l’inflation.
Cette politique d’austérité a eu des effets néfastes à court terme, avec une nouvelle récession en 2016 dû notamment à une baisse de pouvoir d’achat des ménages suite au gel de nombreuses subventions. Cependant, les réformes de Mauricio Macri ont commencé à porter leurs fruits, avec un retour de la croissance et un taux d’inflation qui commence à décélérer.
Pourtant, ces réformes drastiques avaient alimenté le mécontentement populaire et les élections de mi-mandat s’annonçaient difficiles pour le pouvoir en place. La victoire de Mauricio Macri implique la poursuite de la politique économique d’inspiration libérale conduite depuis bientôt deux ans. La continuité de la politique économique est positive pour les perspectives économiques de moyen terme. En effet, une politique économique a besoin de temps pour produire ses effets escomptés, et l’Argentine a longtemps souffert de l’instabilité politique et de changements de directions dans ses choix économiques. Cependant, étant donnée le « remède de cheval » que Mauricio Macri a mis en œuvre, des inquiétudes naissent quant au sort des argentins les plus modestes.