Pour l’instant, tout va bien. La croissance mondiale reste plutôt soutenue, portée par les réformes structurelles et des politiques monétaires accommodantes. De plus, le renforcement de la surveillance bancaire et le renforcement des fonds propres des banques a rendu le secteur financier plus résistant qu’il ne l’était en 2008. Pourtant, la dynamique actuelle pourrait porter en elle les germes d’une future crise.
Hausse excessive du prix des actifs
Premièrement, les politiques expansionnistes des banques centrales ont fortement augmenté la liquidité mondiale qui recherche désespérément des actifs rentables. Autrement dit, en menant une politique de rachat d’actifs, souvent des obligations d’Etat, (appelée « QE »), les banques centrales augmentent la demande, ce qui fait diminuer les taux d’intérêts et augmenter le prix des actifs.
Le prix des obligations évolue en sens inverse des taux d’intérêts.
En conséquence de quoi le rendement des actifs rachetés par les banques centrales, souvent des actifs peu risqués comme des obligations d’Etat, a chuté, amenant les investisseurs à prendre plus de risques. Ce qui a pour effet d’augmenter le prix des actifs vers lesquels se tournent alors les investisseurs (actions ou des placements dans les pays en développement).
Un Etat emprunte au taux de 3 % en émettant des obligations. Si, soudainement, la demande pour ces obligations est élevée parce-que la banque centrale en achète en grande quantité, alors le taux d’intérêt baisse. En effet, si l’Etat vend sans problèmes ses obligations au taux de 3 %, il pourra ensuite s’endetter à des taux plus faibles, par exemple 2 % ou 1 %, ce qui lui permet d’effectuer une économie sur les taux d’intérêts payés.
Cependant, cette baisse du rendement des actifs a permis de diminuer le coût des emprunts des Etat et entreprises à des niveaux historiquement bas malgré la fragilité de leurs bilans, ce qui représente un risque élevé en cas de remontée des taux. En effet, si les taux d’intérêts venaient à augmenter, les Etats et les entreprises lourdement endettées verraient leur charge d’intérêt augmenter sensiblement.
Une dette en expansion, notamment en Chine
Ensuite, la dette totale des pays du G20 (c’est-à-dire la dette publique et privée), augmente à un rythme soutenu. Elle représentait moins de 200 % du PIB en 1990, environ 240 % du PIB en 2007 à la veille de la crise des subprimes et dépasse désormais 250 % du PIB.
L’évolution en Chine est particulièrement inquiétante. La dette totale y représentait environ 150 % du PIB en 2008, elle atteint désormais le niveau moyen des pays du G20, soit autour de 250 % du PIB. De plus, en Chine, les actifs du secteur bancaire sont passés de 240 % du PIB en 2012 à 310 % aujourd’hui. La solidité du secteur bancaire chinois est difficile à estimer puisque la finance de l’ombre s’y est fortement développée, c’est-à-dire que certaines entreprises y pratiquent des activités financières sans être à proprement parler considérées comme des banques et régulées comme telle. La qualité des crédits accordés par les banques chinoises pose aussi question, en effet, il arrive que les banques prêtent à des entreprises « zombies », c’est-à-dire des entreprises qui ne sont maintenues en activité que grâce aux crédits qui leur sont accordés.
Le risque lié à la volatilité des flux financiers internationaux
Le FMI pointe également le risque lié à la forte hausse des flux d’investissement de portefeuille à destination des pays émergents qui devraient atteindre 300 milliards de dollars en 2017, soit le double de l’année précédente. Les investissements de portefeuille ayant la caractéristique d’être volatiles, le risque est que ces capitaux quittent brusquement les pays émergents, créant ainsi des crises de balance des paiements comme cela s’est produit dans les années 1990 (Mexique, Asie du sud…).
Les prévisions du FMI
Selon le FMI, les risques financiers restent limités jusqu’en 2020. Ensuite, une hausse rapide des taux d’intérêt pourrait conduire à une chute brutale des cours boursiers (autour de 15 %) et des prix de l’immobilier (autour de 9 %). En effet, si les taux d’intérêt sont plus élevés, acheter une maison à crédit devient plus coûteux et le marché immobilier baisse du fait d’une moindre demande. Concernant le marché des actions, la hausse des taux d’intérêt pénalise l’activité
Les agents économiques, lourdement endettés, se retrouveraient dans une situation financière délicate. La violence d’une telle crise pourrait représenter le tiers de la crise financière globale de 2008.