Le bitcoin toujours plus haut
Le bitcoin défie pour l’instant les sceptiques et voit son cours flamber, passant de 5 689 dollars le 25 octobre à 7 313 dollars le 5 novembre 2017. Cette crypto-monnaie, qui n’est émise par aucune banque centrale et appuyée sur la signature d’aucun Etat, souffre d’un manque de légitimité. Pourtant, un nombre minoritaire mais croissant de commerçants l’acceptent en paiement.
De plus, début novembre, la célèbre bourse de Chicago (le Chicago Mercantile Exchange, ou CME) a annoncé qu’elle allait proposer plusieurs contrats sur le bitcoin. Cette décision de la part d’une grande institution du monde de la finance fait l’effet d’un adoubement pour cette crypto-monnaie, ce qui explique en bonne partie sa récente envolée.
Le risque de bulle
Cependant, les fluctuations brutales du bitcoin et sa hausse vertigineuse depuis environ un an font craindre le risque d’une bulle. Ce caractère hautement spéculatif n’est qu’une des critiques adressées au bitcoin, l’autre principale étant que son manque de transparence servirait à financer des activités illicites.
Pour Kenneth Rogoff, célèbre économiste américain et ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International (FMI), le bitcoin est une bulle appelée à éclater. En effet, s’il pointe l’intérêt potentiel de la technologie sous-jacente au bitcoin (la blockchain), Rogoff juge inconcevable que les Etats laissent se développer une monnaie de substitution à la leur. Le bitcoin évolue actuellement dans un cadre règlementaire assez flou mais, s’il venait à risquer de prendre la place des monnaies actuelles adossées à des Etats, ceux-ci renforceraient la réglementation pour l’encadrer étroitement, voire pour l’interdire, faisant chuter son cours. En effet, un problème majeur posé par le bitcoin est que les transactions sont anonymes, ce qui rendrait extrêmement difficile la collecte des impôts.
Rogoff, s’il admet ne pas être en mesure de prévoir le cours du bitcoin à court terme, pense qu’à plus long terme, les Etats ou banques centrales copieront éventuellement les aspects utiles de cette nouvelle technologie (notamment car elle pourrait permettre de réduire le coût des transactions), mais l’empêcheront de remplacer leur propres monnaies.