Le point sur les négociations
Si la date du Brexit est désormais connue, les modalités exactes de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne ne sont pas encore fixées. En effet, les négociations achoppent notamment sur trois sujets clé.
Premièrement, la question du règlement financier du Brexit. Le Royaume-Uni, membre de l’Union Européenne, avait pris des engagements financiers qu’il doit honorer avant de quitter l’Union (programmes européens pluriannuels, retraite des fonctionnaires européens britanniques notamment). Le montant du paiement fait cependant l’objet d’intenses négociations. Si, du côté de Bruxelles, on avance le chiffre de 60 milliards d’euros, les britanniques avancent un montant beaucoup plus faible.
La question de la circulation des personnes et du statut des expatriés européens installés à Londres pose aussi question. Le Royaume-Uni souhaite continuer à bénéficier d’un accès au marché unique, c’est-à-dire la possibilité de commercer librement avec le reste de l’Union Européenne. Cependant, la libre circulation des biens et services implique la libre circulation des personnes or, l’argument central des partisans du Brexit était de pouvoir contrôler les flux migratoires. Si la libre circulation des ressortissants d’autres pays de l’UE est bloquée, les européens installés au Royaume-Uni pourront-il y rester ? Cette question n’est actuellement pas résolue, les britanniques souhaitant la libre circulation des biens et service mais pas des personnes, ce qui est impensable pour Bruxelles.
Enfin, reste entre autres à traiter l’épineuse question Irlandaise. Le Brexit signifierait le retour d’une frontière physique entre Irlande et Irlande du nord. Une telle situation risquerait de raviver des tensions dans un pays longtemps marqué par des divisions que l’intégration européenne avait aidé à atténuer. Un statut spécial pour la frontière irlandaise pourrait être négocié.
L’impact économique du Brexit
S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions quant aux conséquences économiques du Brexit, certaines évolutions commencent à se matérialiser.
Plusieurs banques et institutions financières, comme Goldman Sachs ou HSBC ont annoncé le déplacement d’une partie de leur activité de Londres vers d’autres villes de l’UE (Francfort, Paris, Dublin…) de façon à pouvoir bénéficier du « passeport européen », c’est-à-dire la possibilité d’échanger librement des services financiers. Ces déplacements concernent pour l’instant un nombre limité de personnes, mais à terme, plusieurs milliers d’employés pourraient quitter Londres.
Le Brexit a conduit la livre à se déprécier d’environ 15 %. En effet, le Brexit, en obscurcissant les perspectives économiques britanniques, détourne les investisseurs de la livre, ce qui fait baisser son cours. Cela présente l’avantage de rendre les exportations plus compétitives, mais aussi de renchérir les importations.
Si la livre se déprécie, les produits britanniques deviennent moins chers dans le reste du monde. De façon symétrique, les importations sont plus chères, ce qui stimule l’inflation (on parle d’ailleurs d’inflation importée).
Voir notre article sur le taux de change.
L’inflation, principalement du fait de la dépréciation de la livre, atteint désormais 3 % au Royaume-Uni. Dans le même temps, la hausse des salaires est de 2,1 %. Cette situation pèse sur la consommation des ménages, le moteur traditionnel de la croissance britannique. La faiblesse de la consommation et de l’investissement, pénalisés par l’incertitude quant aux négociations sur le Brexit, commencent à peser sur la croissance. Celle-ci pourrait atteindre seulement 1 % en 2018, un net ralentissement par rapport aux années précédentes.
En outre, de façon à lutter contre l’inflation et la dépréciation de la livre, la Banque d’Angleterre a remonté son taux d’intérêt à 0,5 % début novembre.
Si les taux d’intérêts sont plus élevés au Royaume-Uni, les investisseurs sont incités à y placer des capitaux. Ce faisant, ils achètent de la livre, ce qui conduit à son appréciation. Cette appréciation baisse le coût des produits importés, ce qui limite l’inflation.
De plus, si les taux d’intérêts augmentent, moins de crédits seront demandés, donc moins de monnaie créée, ce qui freine l’inflation. (La monnaie est créée lorsqu’un crédit est accordé).
Cette hausse des taux d’intérêts, en renchérissant le crédit, risque de freiner l’investissement et la consommation et donc de pénaliser la croissance britannique.