Les résultats attendus de cette réforme
Donald Trump lance une vaste réforme de la fiscalité qui vise à alléger et simplifier la taxation. Si les détails de cette réforme sont encore débattus, la principale mesure est une baisse drastique du taux d’impôt sur les sociétés de 35 % à 20 %. Selon Donald Trump, cette mesure représente une stimulation efficace pour l’économie américaine.
Selon un rapport de la Tax Foundation (un groupe de réflexion proche des milieux conservateurs) sur lequel s’appuie Donald Trump, cette baisse d’impôts permettrait, sur les dix prochaines années, d’augmenter le PIB de 3,9 %, les salaires de 3,1 % et de créer 975 000 emplois.
L’argumentation employée est que, payant moins d’impôts, les entreprises auraient une plus grande capacité à investir et embaucher sur le sol américain.
De plus, les investisseurs étrangers, attirés par une fiscalité favorable, investiraient massivement aux Etats-Unis, ce qui stimulerait la croissance et l’emploi. Selon la Tax Foundation, le stock de capital augmenterait de 9,9 % grâce à cette baisse d’impôts.
Une réforme vivement critiquée
La baisse massive du taux d’imposition sur les sociétés est tout d’abord vue comme un cadeau fiscal aux plus riches. En effet, elle pourrait se traduire par une hausse importante des dividendes versés qui, statistiquement, bénéficierait majoritairement aux ménages les plus fortunés.
Cette baisse d’impôt entraînerait un manque à gagner fiscal de 1 500 milliards de dollars pour le budget de l’Etat américain sur les dix prochaines années. Un tel « trou » dans les finances publiques se traduirait par une augmentation de la dette publique d’un montant identique ou par des coupes dans les dépenses publiques. Cette éventuelle baisse des dépenses, diminuant par exemple la qualité des services publics ou des programmes sociaux, impacterait les plus modestes, renforçant le côté inégalitaire de cette réforme.
La baisse massive du taux d’impôt sur les sociétés pourrait aussi se traduire par un creusement du déficit commercial et un affaiblissement de l’industrie américaine. En effet, cette baisse d’impôts se traduirait par un afflux de capitaux étrangers qui ferait s’apprécier le dollar et pénaliserait les exportations américaines.
Si les capitaux affluent aux Etats-Unis, le dollar s’apprécie parce que de nombreux non-résidents achètent du dollar contre leur monnaie qu’ils vendent. Si le dollar s’apprécie (devient plus cher), alors mécaniquement les produits américains sont plus chers à l’étranger et les produits étrangers moins chers aux Etats-Unis.
Selon l’économiste Paul Krugman, les baisses d’impôt défendues par Donald Trump se traduiraient par un creusement du déficit commercial américain de 600 milliards de dollars par an. De plus, sous l’effet d’une perte de compétitivité de l’industrie américaine (du fait de l’appréciation du dollar comme nous l’avons vu précédemment), la production industrielle américaine diminuerait de 20 %.
Ces baisses d’impôt pourraient donc bénéficier bien plus aux exportateurs chinois ou européens au détriment des entreprises américaines, en contradiction avec les déclarations de Donald Trump qui veut défendre l’industrie des Etats-Unis.