Comment expliquer cette évolution ?
Au troisième trimestre, le nombre de chômeurs a augmenté de 62 000 personnes pour atteindre 2,7 millions de personnes. Le taux de chômage a quant à lui augmenté pour atteindre 9,4 % en France métropolitaine et 9,7 % en France (hors Mayotte). Cette hausse a concerné l’ensemble de la population, à l’exception notable des 15-24 ans.
Alors que la croissance française retrouve un certain dynamisme, avec 1,7% de croissance attendu en 2017 et que les réformes successives du marché du travail (loi El Khomri, ordonnances visant à flexibiliser le marché du travail signées en septembre 2017) sont censés faciliter les embauches, la récente hausse du chômage peut sembler paradoxale.
Elle s’explique par un tassement des créations nettes d’emplois salariés privés qui sont passées de 81 500 au deuxième trimestre à 29 700 au troisième trimestre 2017. Ce nombre de créations d’emploi est cependant insuffisant pour absorber les entrées dans la population active (jeunes arrivant sur le marché du travail) qui se situent en moyenne autour de 35 000 personnes par trimestre.
De plus, le secteur des services non marchands (administrations et secteur public) a détruit 5 100 emplois au troisième trimestre notamment du fait de la réduction du nombre de contrats aidés.
Le taux de chômage se calcule en rapportant le nombre de chômeurs à la population active totale (celle-ci inclus les personnes ayant un emploi et les chômeurs). Ainsi, le taux de chômage peut varier indépendamment des créations d’emplois, sous l’effet d’une variation de la population active. D’une manière générale, la simple observation du taux de chômage n’est pas suffisante pour estimer la situation de l’emploi dans un pays, car cette statistique ne prend pas en compte différent aspects comme la dynamique des salaires ou la qualité de l’emploi (temps partiel, précarité…).
Quelles anticipations pour le futur ?
La récente hausse du chômage est-elle un simple accident de parcours ou l’amorce d’une tendance de fond ?
Il est pour l’instant trop tôt pour répondre. En effet, une variation trimestrielle peut être due à des effets de court-terme qui ne donnent pas d’indications sur la dynamique globale. Concernant les réformes d’Emmanuel Macron concernant le marché du travail, elles sont trop récentes pour que l’on puisse dès à présent en tirer des conclusions. Il faudra attendre au moins jusqu’en 2020 avant de pouvoir tirer des conclusions pertinentes de l’effet des politiques du gouvernement sur la dynamique du chômage.
Selon le scénario le plus probable, le taux de chômage devrait néanmoins repartir à la baisse, et la contre-performance du troisième trimestre ne devrait être que passagère. En effet, la croissance devrait se maintenir à un niveau relativement dynamique en 2018 (environ 1,7 %), permettant à l’économie de continuer à créer des emplois.
Selon le FMI, le taux de chômage en France devrait baisser à 9 % en 2018 et atteindre 8 % en 2021.