Une réunion pour réorienter l’épargne
Le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, le Président de l’Autorité des Marchés Financiers Robert Ophèle et plus de 300 intermédiaires financiers étaient réunis lundi 22 janvier à l’Assemblée Nationale pour discuter avec les députés de moyens d’orienter l’épargne des ménages vers l’investissement productif.
Les intermédiaires financiers ont soumis une première série de 120 propositions qui pourraient donner lieu à de nouvelles réformes et à la tenue d’un « rendez-vous de l’investissement productif » au printemps.
Les entreprises, notamment les plus petites qui n’ont pas la taille critique pour lever des fonds en bourse, rencontrent des difficultés chroniques pour financer leur développement. Dans le même temps, les français disposent d’une épargne importante mais souvent investie ailleurs que dans les entreprises, par exemple sur des livrets A.
De plus, dans un environnement de taux d’intérêts très bas, l’investissement dans le capital des entreprises pourrait permettre aux épargnants d’obtenir une rémunération plus élevée de leur épargne.
Des réserves subsistent
La volonté du gouvernement de favoriser l’orientation de l’épargne vers les entreprises, par exemple en transformant l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI), et donc d’enlever de l’assiette de cet impôt le patrimoine investi dans les entreprises a été critiquée comme étant un « cadeau aux riches ». L’opposition de gauche voit dans cette orientation de l’épargne vers les entreprises (et les incitations fiscales qui l’accompagnent) une mesure inégalitaire profitant aux ménages plus aisés, car seuls eux ont les moyens de bénéficier de ces nouvelles mesures.
De plus, une orientation de l’épargne des ménages vers les entreprises pose la question du risque. En effet, l’investissement en actions est plus rémunérateur mais aussi plus risqué que les placements en obligations, par exemple en titres d’Etat.
Il existe en finance un « couple rendement-risque » selon lequel tout placement rémunérateur s’accompagne d’un risque plus élevé (et inversement).
Le risque d’un transfert massif de l’épargne des ménages vers les entreprises est donc que, en cas de crise économique et/ou de plongeon de la bourse, les ménages pourraient perdre tout ou partie de leur investissement. Un tel scénario aurait des conséquences sociales (ménages ruinés), économiques (moindre consommation des ménages ayant perdu leur épargne) et financière (perte de confiance comme dans le cas des « emprunts russes ») importantes.