Macron, VRP de la « marque France »
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le « French bashing » (le dénigrement de la France dans une partie de la presse étrangère, notamment anglo-saxonne) a soudainement pris fin et s’est mué en une large admiration pour le nouveau président. Par exemple, le magazine The Economist, d’ordinaire très critique envers la politique économique hexagonale, a désigné la France « pays de l’année 2017 ».
Surfant sur la vague de sympathie qu’il inspire à l’étranger, notamment dans le monde des affaires, Emmanuel Macron, entouré de son gouvernement, a réuni lundi 22 janvier quelques 140 grands patrons à Versailles pour vanter ses réformes et l’attractivité du pays. Le titre de ce rendez-vous, « Choose France », affichait clairement l’ambition du gouvernement d’attirer des entreprises étrangères. A cette occasion, les décisions d’investissement de Toyota, SAP, Google, Novartis ou encore Facebook ont été rendues publiques et devraient entraîner la création de quelques 2 200 emplois.
Continuant sur sa lancée, Emmanuel Macron s’est ensuite rendu au Forum de Davos, qui rassemble en Suisse tout le gratin mondial de la politique et des affaires. Dans un discours devant une assistance acquise à sa cause, il a martelé son slogan « France is back » avant d’élargir son propos aux questions européennes et aux enjeux mondiaux, plaidant entre autres pour un renforcement de la construction européenne et de la coopération internationale.
Une économie peut-elle être relancée par des discours ?
La question est cependant posée de savoir si l’activisme médiatique du président de la République peut avoir un effet significatif sur l’économie réelle.
D’une part, les éloges de la presse internationale et des milieux d’affaires ne garantissent pas la croissance économique, de nombreux exemples passés sont là pour le rappeler. En effet, l’humeur des financiers et hommes d’affaires est versatile et la presse financière n’a pas toujours fait preuve d’une grande perspicacité pour prévoir les crises.
En 1994-1995, l’économie mexicaine a connu une crise économique d’une rare violence. Pourtant, Carlos Salinas de Gortari, président mexicain de 1988 à 1994 était applaudi par de nombreux économistes et hommes d’affaires pour avoir libéralisé l’économie mexicaine. En janvier 1994, à Davos, Carlos Salinas de Gortari était encore vu d’un œil très favorable par les élites économiques mondiales. Quelques mois plus tard, le pays connaîtra une brutale dévaluation.
De plus, les annonces d’investissement suite à la réunion de lundi à Versailles, pour positives qu’elles soient, seront largement insuffisantes pour résoudre les difficultés économiques de la France. En effet, la création d’environ 2 200 postes par les entreprises étrangères pèse peu, quand on sait qu’environ 10 000 emplois sont en moyenne créés et détruits chaque jour en France.
Les réformes engagées et promues à Versailles et Davos par le président de la République (marché du travail, fiscalité…) pourraient avoir des effets plus significatifs sur le dynamisme économique, mais leur impact réel ne pourra être estimé que d’ici plusieurs années.