L’appréciation de l’euro et ses conséquences
Faisons un rapide retour en arrière. Au cours de l’année 2014, l’euro s’était fortement déprécié par rapport au dollar et était resté faible jusqu’au début de l’année 2017, ce qui avait bénéficié à l’économie européenne. En effet, la dépréciation de l’euro rendait les exportations des entreprises européennes moins chères, donc plus compétitives et, dans le même temps, stimulait l’inflation.
Généralement, l’inflation, c’est-à-dire la hausse des prix, est vue négativement. Cependant, depuis la crise de 2008, c’est la déflation (la baisse des prix) qui menace en zone euro. C’est pourquoi la dépréciation de la monnaie, qui renchérit le prix des importations donc renforce l’inflation, est vue favorablement en Europe. Plus d’explications sur les effets néfaste de la déflation.
Cependant, l’euro s’est de nouveau apprécié par rapport au dollar tout au long de l’année 2017, ce qui pourrait peser négativement sur les exportations et relancer les craintes de déflation.
Une « guerre des monnaies » entre la zone euro et les Etats-Unis ?
La « guerre des monnaies », ou « guerre des changes » décrit une situation dans laquelle les différents pays (ou zones monétaires) tentent de déprécier leur monnaie pour favoriser leurs exportations. Ce type de pratiques non-coopératives, qui avait paralysé l’économie mondiale suite au krach de 1929, avait été évité suite à la crise de 2008 malgré les critiques que les Etats-Unis avaient adressées à la Chine, accusée de maintenir sa monnaie artificiellement basse.
Cependant Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor, a récemment déclaré vouloir un dollar plus faible pour relancer l’économie américaine. Ces propos, alors que l’euro s’apprécie depuis plus d’un an face au dollar, ont été perçus comme une menace de « guerre des monnaies » par les Européens. Dans le langage très policé des banquiers centraux, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a critiqué à mots couverts cette déclaration comme étant une menace pour la stabilité de la croissance mondiale. En effet, une appréciation durable de l’euro par rapport au dollar compliquerait la tâche de la Banque centrale européenne qui cherche actuellement à maintenir la croissance européenne et à renforcer l’inflation.
A l’heure actuelle, il est trop tôt pour parler de « guerre des monnaies », notamment parce que Donald Trump a contredit son secrétaire au Trésor en affirmant vouloir un dollar fort. Cette déclaration a surpris puisque Donald Trump s’était longtemps plaint par le passé de la Chine et de l’Allemagne qui, selon lui, bénéficiaient de monnaies sous-évaluées pour doper leurs exportations.
Si un risque de « guerre des monnaies » semble encore lointain, les volte-face de Donald Trump sur le sujet et l’attitude qu’adoptera Jérôme Powell, le nouveau président de la Fed (la banque centrale américaine) pourraient générer des fluctuations sur le marché des changes.