Un résultat incertain
Les italiens se rendront aux urnes le 4 mars pour élire sénateurs et députés et désigner ainsi un nouveau gouvernement.
A l’heure actuelle, les sondages ne donnent de majorité claire à aucun parti (ou coalition).
Le Mouvement cinq étoiles est en tête des intentions de vote (environ 26 %) mais est distancé par la coalition de droite formée par Forza Italia, la Ligue du Nord et Frères d’Italie (environ 37 %).
A gauche, c’est le Parti Démocrate qui est en tête (quoiqu’ en perte de vitesse) avec environ 25 % des intentions de vote.
Aucune majorité claire ne semble pour l’instant se dessiner, au risque de déboucher sur une instabilité politique dont l’économie pourrait souffrir.
Les difficultés de l’économie italienne
Depuis maintenant une vingtaine d’années, l’Italie affiche un taux de croissance extrêmement faible, le pays a connu plusieurs années de récession en 2008-2009 et 2012-2013. La croissance est certes repartie en 2017 avec une hausse du PIB de 1,5 %, mais cela reste inférieur à la moyenne de la zone euro (2,5 %).
Selon le magazine The Economist, le taux de croissance moyen de l’Italie entre 2000 et 2010 a été de 0,25 %, soit le troisième plus faible au monde. Seuls Haïti et le Zimbabwe ont connu une croissance moyenne plus faible sur cette période.
En conséquence du manque de dynamisme économique, l’Etat Italien fait face à une dette publique élevée, légèrement supérieure à 130 % du PIB en 2017. De ce fait, le budget du pays est plombé par des charges d’intérêts élevées qui limitent la capacité des dirigeants à mener une politique économique susceptible de soutenir la croissance, comme par exemple des investissements publics dans l’éducation, la recherche ou les infrastructures.
De plus, le pays souffre d’un fort écart de développement entre le nord et le sud, d’un chômage élevé (12 % de la population active), de banques fragiles, de la corruption, du poids de l’économie souterraine, de l’effet néfaste de la mafia sur le développement des entreprises (surtout dans le sud) ou encore d’une population vieillissante.
Le seul point positif dans ce sombre tableau est qu’une partie de l’industrie italienne est parvenue à rester compétitive, dans des secteurs aussi variés que le luxe, l’agroalimentaire, l’automobile, les machines-outils… Ce tissu industriel, principalement organisé sous la forme d’un tissu de petites et moyennes entreprises, a permis à l’Italie d’augmenter ses exportations et d’afficher un compte courant excédentaire.
Le résultat des élections peut-il déclencher une nouvelle crise ?
Le premier risque pour l’Italie est que les élections du 4 mars ne permettent pas de dégager de majorité claire, plongeant ainsi le pays dans l’incertitude politique. Or, ce dont l’économie Italienne a besoin est d’un gouvernement stable et crédible, capable d’améliorer l’efficacité de la dépense publique et de lutter efficacement contre la corruption, l’économie souterraine et la mafia.
Le second risque est lié au rejet de l’Union Européenne et de l’euro. Le Mouvement cinq étoiles, actuellement en tête dans les sondages, ainsi que la Ligue du Nord et Frères d’Italie sont sur une ligne clairement euro-sceptique, allant jusqu’à demander un abandon de l’euro (quoique les projets des différents partis manquent parfois de clarté à ce sujet).
A l’heure actuelle, l’hypothèse d’un « Itaxit » (une sortie de l’Italie de la zone euro) est encore très lointaine. Cependant, si cela devait se produire, il est à peu près certain que l’Etat Italien ferait défaut sur sa dette puisqu’il lui faudrait la rembourser en euros. Dans ce cas aussi les banques italiennes, déjà fragiles, se retrouveraient en très grandes difficultés.
Si l’Italie abandonnait l’euro et revenait à la lire, celle-ci se dévaluerait fortement face à l’euro. L’Etat aurait donc une dette libellée en euros et collecterait des impôts en lires dévaluées. De ce fait, il est fort probable que l’Italie serait contrainte de faire défaut sur sa dette publique.
Le risque principal est que, dans l’hypothèse d’une victoire de partis euro-sceptiques le 4 mars, les investisseurs se détournent de la dette italienne par crainte d’une éventuelle sortie de l’euro. Ce faisant, les taux d’intérêts payés par l’Etat italien augmenteraient, alimentant ses difficultés budgétaires et renforçant à nouveau la crainte des investisseurs dans une « effet boule de neige ».
La dernière flambée des taux sur la dette publique, en 2011-2012, avait poussé Silvio Berlusconi à la démission et l’économie en récession.