Le constat
Après avoir atteint un creux en 2011 à 69 milliards d’euros, le déficit commercial français a diminué lentement jusqu’à atteindre 48 milliards en 2016. En 2017 cependant, ce déficit a de nouveau augmenté pour atteindre 62,3 milliards d’euros.
Pourtant, en regardant les seules statistiques d’exportation, il y aurait de quoi se réjouir : après avoir baissé de 0,6 % en 2016, elles ont bondi de 4,5 % en 2017 pour atteindre 473,2 milliards d’euros. Cependant, dans le même temps, les importations ont augmenté de 6,8 % à 535 milliards d’euros, ce qui explique le creusement du déficit commercial.
Concernant les secteurs d’activité, les exportations aéronautiques ont baissé de 3,8 % en 2017 après plusieurs années record. A l’inverse, les exportations agricoles, de parfums ou de cosmétiques ont, eIBles, accéléré. Géographiquement, nos voisins européens sont toujours nos principaux clients. Cependant, les exportations françaises vers l’Asie ont rebondi de 14,1% en 2017 après avoir baissé de 1,3% en 2016.
La balance commerciale est la statistique des échanges internationaux qui concentre le plus d’attention médiatique. Cependant, elle ne recouvre que les échanges de biens, c’est pourquoi, en termes économiques, il est préférable de regarder la balance courante, qui inclut aussi les échanges de services et les transferts de revenus (comme le revenu des travailleurs frontaliers ou les profits des entreprises multinationales).
Selon les données provisoires, la France a dégagé en 2017 un excédent commercial dans les services grâce au rebond du tourisme et les transferts de revenus devraient dégager un solde positif. Le déficit courant pourrait donc être environ deux fois plus faible que le déficit commercial.
Pourquoi le déficit se creuse-t-il ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le creusement du déficit commercial. D’une part, la hausse du prix du pétrole a fait gonfler le prix des importations (les achats de produits énergétiques ont augmenté de 24,6 % en 2017 après avoir baissé de 20 % en 2016).
Certains économistes, comme Patrick Arthus de Natixis, pointent la faible compétitivité des produits français et leur trop faible niveau de gamme. Selon l’expression consacrée, la France tente d’exporter des produits de qualité espagnole avec des prix allemands. L’industrie française devrait donc chercher à innover et monter en gamme pour être plus compétitive à l’export.
Le coût du travail et des cotisations sociales ou encore le manque de formation professionnelle tout au long de la vie sont d’autres raisons avancées pour expliquer la difficulté de l’économie française à gagner des parts de marché à l’international. Aucune de ces raisons ne fait cependant l’unanimité parmi les spécialistes et les causes des difficultés françaises à l’export font débat.
Cependant, le creusement du déficit commercial en 2017 est aussi le reflet d’une amélioration de la conjoncture économique. En effet, l’investissement a augmenté de 4,4 % en France en 2017, ce qui se traduit mécaniquement par une hausse des importations puisqu’une bonne partie du matériel acheté par les entreprises est importé. Mais cette hausse de l’investissement, même si elle creuse momentanément le déficit, est une évolution positive puisqu’elle laisse envisager une hausse de la production (donc des exportations) dans le futur.