Les mesures protectionnistes mises en place
Il est difficile de faire un inventaire précis de la politique commerciale de Donald Trump. En effet, les annonces sont parfois contradictoires, et des mesures annoncées sont retirées ou réadaptées.
Par exemple, Donald Trump avait annoncé début mars l’instauration de forts droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium. Ensuite, l’Europe, l’Australie, le Canada et le Mexique ont obtenu des exemptions, si bien que ces mesures touchent principalement les importations asiatiques.
Le président américain avait aussi émis l’idée de taxer les importations de voitures allemandes, mais il semblerait que cette idée soit enterrée.
Actuellement, les mesures protectionnistes de Donald Trump sont principalement ciblées sur la Chine, pays avec lequel les Etats-Unis présentent un important déficit commercial (347 milliards de dollars en 2017).
Le président américain cible également l’Alena (accord de libre-échange nord-américain), mais là encore il n’a pas détaillé précisément ses idées concernant les réformes qu’il souhaite apporter à cet accord commercial.
Le protectionnisme aux Etats-Unis n’est pas nouveau, alors même que le pays passe parfois pour le symbole du libéralisme. Par exemple, dans les années 1980, de vives critiques avaient été formulées à l’égard des importations japonaises. Cependant, les propositions de Donald Trump vont plus loin sur le chemin du protectionnisme que tout ce qui avait pu être avancé depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Pour l’instant, les mesures protectionnistes annoncées aux Etats-Unis sont plutôt symboliques et ne devraient pas avoir d’impact économique significatif.
Cependant, la crainte de nombreux économistes est de voir se développer une « guerre commerciale », c’est-à-dire que les pays imposent des mesures protectionnistes en réponse à celles instaurées par d’autres pays. Il pourrait en résulter une chute du commerce international dont les effets pourraient être dévastateurs, comme cela l’avait été lors de la précédente grande vague protectionniste dans les années 1930.
Pourquoi Donald Trump souhaite-t-il instaurer des droits de douane et pourquoi cette mesure est-elle tant critiquée ?
Les Etats-Unis ont affiché un déficit commercial de 750 milliards de dollars en 2017 (soit 3,8 % du PIB). Le déficit courant, pour sa part, a été de 461 milliards de dollars (soit 2,4 % du PIB).
La balance commerciale ne concerne que les échanges de biens, alors que la balance courante inclut aussi d’autres flux comme les échanges de services ou les rapatriements de profits des entreprises. Ces deux statistiques sont intéressantes, mais la balance courante est plus pertinente pour juger de la situation économique générale d’un pays.
Donald Trump a fréquemment déclaré que le déficit commercial américain été la preuve que les Etats-Unis se faisaient « rouler » par le reste du monde et qu’il fallait réagir en bloquant les importations des autres pays.
Cette vision des choses est cependant contestable pour plusieurs raisons.
D’une part, un pays présentant un déficit commercial n’est pas nécessairement « perdant » et ceux ayant un excédant ne sont pas toujours « gagnants ». En effet, un déficit, comme un excédent commercial, peut être une bonne ou une mauvaise chose, tout dépend de la situation spécifique à chaque pays.
Dans le cas des Etats-Unis, le déficit commercial résulte principalement de la forte consommation des ménages américains. Il ne traduit donc pas une quelconque pratique déloyale de la part de la Chine, du Mexique ou de n’importe quel autre pays, mais simplement le fait que les Etats-Unis consomment beaucoup et, leur production nationale ne permettant pas de satisfaire cette demande, ils importent logiquement beaucoup.
Ensuite, freiner les importations ne fera pas forcément baisser le déficit commercial, ni ne relancera l’emploi américain.
D’une part, les mesures protectionnistes, si elles font baisser les importations, risquent de freiner aussi les exportations. D’une part parce-que les autres pays adopteraient probablement des mesures de rétorsion envers les produits américains. D’autre part parce que cela pourrait entraîner une appréciation du dollar (car si les Etats-Unis importent moins, ils demandent moins de monnaie étrangère ce qui pousse le dollar à la hausse).
Enfin, le taux de chômage est redescendu à des niveaux très bas aux Etats-Unis (4,1 %). Ainsi, freiner les importations ne devrait pas entraîner une forte hausse de l’emploi, tout simplement parce qu’il n’y a plus beaucoup de chômeurs à embaucher.
De plus, des mesures protectionnistes pourraient attiser l’inflation, entraînant une hausse des taux d’intérêt et donc un ralentissement de l’économie.