Le Centre d’Etudes et de Connaissances sur l’Opinion Publique (CECOP) a mené du 6 au 9 février 2018 une enquête sur un échantillon représentatif de 1 002 personnes concernant les Français, la retraite et l’épargne. Cette étude a été menée à l’initiative du Cercle de L’Epargne et d’Amphitéa en partenariat avec AG2R La Mondiale (Amphitéa est une association d’assurés souscrivant des produits de protection sociale auprès d’AG2R).
Cette enquête revêt un intérêt particulier alors que le gouvernement envisage la modification en profondeur du régime des retraites :
- uniformisation des règles de calcul des pensions (1€ cotisé doit offrir les mêmes droits en matière de retraite),
- abandon du système de calcul de la retraite en nombre de trimestres cotisés au profit d’un système de points (comme le régime AGIRC / ARCCO actuel) ou par mise en place d’un compte notionnel (enregistrement des cotisations versées pour la retraite / nombre théorique d’années de vie restantes)…
Les enseignements principaux de cette enquête sont les suivants :
Une forte inquiétude à l’égard du système actuel de retraite
Les Français interrogés sont 74 % à considérer que leur retraite est ou sera insuffisante compte tenu de leurs besoins ! Rien de neuf chez les non retraités. Le pourcentage des inquiets a été et reste élevé (71 %). Par contre, chez les retraités, le pourcentage des personnes qui considèrent que leur retraite est insuffisante passe de 50 à 61 %. Cette évolution est liée à l’augmentation de la CSG de 1,7 point sur les pensions de retraite.
L’augmentation de la CSG de 1,7 point (elle passe de 6,6 % à 8,3 % soit un total de contributions sociales de 9,1 %) à compter du 1er janvier 2018 ne vous concerne pas si votre revenu fiscal de référence est inférieur à 14 404 € pour une personne seule ou à 22 096 € pour un couple.
L’inquiétude à l’égard du système de retraite se manifeste également par le fait que 69 % des personnes interrogées pensent que leur niveau de vie baisse une fois l’âge de la retraite atteinte. Paradoxe, ils sont plus nombreux chez les non retraités à anticiper la baisse du niveau de vie (70 %) qu’à la constater chez les retraités (66 %). On note chez les 50 / 64 ans une très forte anticipation de cette dégradation (73 %) au fur et à mesure de l’arrivée des relevés individuels de situation (RIS) et des estimations individuelles globales (évaluation du montant de la retraite à percevoir selon différentes prévisions d’âge de départ à la retraite).
Non seulement sans illusion sur le caractère suffisant de leur retraite par rapport à la période d’activité, les futurs retraités s’attendent à une remontée de l’âge légal de la retraite. Plus les candidats retraités sont jeunes, plus les pronostics quant à l’âge de la retraite sont pessimistes. Ainsi, les 35 / 49 ans anticipent à 84 % un âge de départ à la retraite à 65 ans et plus.
Malgré ces inquiétudes, l’effort d’épargne régulière ne cesse de diminuer
Le pourcentage des personnes interrogées déclarant placer régulièrement de l’argent en vue de la retraite est passé de 31 % en 2016 à 25 % en 2018. Certains répondent qu’ils épargnent quand ils le peuvent (31 %). Cette réponse reflète une difficulté tenant au pouvoir d’achat. Seuls ceux appartenant à une classe de revenus supérieurs (+ de 3 000 €/mois) maintiennent leur intention d’épargner régulièrement (6 sur 10).
La baisse du pouvoir d’achat ne suffit pas à expliquer cette diminution de la volonté d’épargner. La moindre rentabilité des placements est également une cause déterminante. La plus forte baisse de la rentabilité perçue des produits d’épargne touche l’assurance-vie et plus particulièrement les fonds en euros. Quelques produits conservent de l’attrait : le livret A mais surtout les actions. Notons d’ailleurs que pour 30 % des sondés, aucun produit n’a d’attrait. Sans se livrer à une analyse exhaustive des réponses, il semble qu’il peut exister une confusion entre rendements bruts et rendements réels (rendement réel = rendement brut déduction faite de l’inflation). Certains épargnants oublient également de prendre en compte le couple rendement / risque des produits si l’on considère l’attrait nouveau que peut parfois représenter un placement en bitcoins ! Si s’agissant de placements en bitcoins, le risque apparait excessif pour un placement retraite, on peut en revanche, si la situation patrimoniale de l’épargnant le permet, se réjouir que 39 % des personnes interrogées soient prêtes à transférer une partie de leur épargne sans risque vers des placements actions. Cette intention apparait plus forte chez les épargnants déjà détenteurs de produits à risque et qui ont donc davantage d’expérience en ce domaine.
Notons enfin que le Prélèvement Forfaitaire Unitaire (PFU) à 30 % n’incite pas davantage à épargner (taux jugé trop élevé).
Le système actuel de retraite est jugé inique
Le système est perçu comme injuste (75 %) et inefficace (80 %). La critique à l’égard de ce système est d’autant plus marquée que les revenus perçus mensuellement sont faibles. Le sentiment d’insatisfaction est plus ressenti chez les femmes que chez les hommes, signe d’une inégalité professionnelle prolongée jusqu’à l’âge de la retraite. Toutefois, l’insatisfaction provient avant tout du montant de la pension de retraite. Si tel est le cas, toute réforme du système de retraite sera jugée par le montant des retraites qu’elle sera capable ou pas de mettre en place. A défaut de régime parfait, 53 % des sondés désirent un régime, une caisse unique de retraite et 34 % des règles identiques même si certaines spécificités liées au statut professionnel peuvent perdurer.
Les meilleurs façons de préparer sa retraite
A la question « quelles sont les meilleures façons de préparer sa retraite », les réponses sont claires : 65 % répondent « être propriétaires de son logement », 36 % « détenir un produit d’épargne à long terme » et 23 % « placer leur argent dans des produits spécifiquement adaptés à la retraite ». S’agissant des produits d’épargne, l’épargne individuelle (assurance-vie, PERP, PREFON …) est préférée à l’épargne collective en entreprise. Notons en outre qu’un Français sur dix est prêt à souscrire un produit dépendance. Le taux est plus élevé chez les plus de 70 ans mais la souscription d’une assurance serait trop tardive. L’intention de recourir à ces produits apparait plus forte chez les personnes qui épargnent déjà très régulièrement pour leur retraite.