Quelles ont été les principales tendances sur les marchés financiers ?
La première grande tendance est la remontée fulgurante des indices boursiers à travers le monde dans un contexte où, du fait des difficultés économiques récurrentes, les banquiers centraux à travers le monde ont continué à injecter massivement des liquidités, souvent qualifiées « d’assouplissement quantitatif ».
Cela a permis de maintenir un contexte de très bas taux d’intérêt, ce qui a soutenu l’activité de crédit donc la croissance, ainsi que l’immobilier et surtout les marchés boursiers.
Les faibles taux d’intérêt stimulent la croissance car, comme l’emprunt devient moins cher, les ménages et les entreprises sont incités à emprunter pour investir. De plus, les faibles taux d’intérêt incitent les investisseurs à placer leur argent en actions plutôt qu’en obligations, ce qui fait monter la bourse.
On est dans un contexte où les valorisations (le prix payé pour ces actifs comme les actions) sont tellement élevées que la grande question est de savoir si c’est durable ou pas.
Quelles sont les tendances à venir sur les marchés financiers ?
Pour la période à venir on a des changements de politique économique qui sont très importants, notamment avec l’élection de Donald Trump et un grand programme de réforme fiscale qui a fait espérer aux investisseurs une renaissance de l’économie américaine alimentée par les baisses d’impôts, de dépenses d’infrastructure, voire de mesures protectionnistes censées stimuler l’investissement aux Etats-Unis.
Cela a créé un optimisme sur les marchés financiers entre le début du mois de décembre et la fin février dans un contexte où les indicateurs économiques étaient très bons.
Cette embellie a interrogé sur l’évolution de la politique monétaire jusqu’ici très accommodante. Début février, on a vu les marchés commencer à s’inquiéter d’un environnement économique trop favorable et d’un resserrement de la politique monétaire, comme une hausse plus rapide des taux d’intérêt.
Si l’activité économique accélère, l’inflation accélère souvent elle aussi. Les banques centrales, qui ont pour principal objectif la lutte contre l’inflation, augmentent alors les taux d’intérêt pour freiner l’activité économique, ce qui fait baisser les cours boursiers.
Les investisseurs ont donc commencé à se détourner d’un marché action relativement cher pour aller investir dans les obligations. Ceci a créé un gros stress, notamment dans la journée du 5 février, marquée par une envolée de la volatilité (qui permet de mesurer la volatilité intra-journalière).
Depuis, les marchés vivotent et l’optimisme a pris un coup dans l’aile. Il semble difficile de retrouver les plus hauts du début du mois de février. Cette correction des marchés boursiers est dans un sens bienvenue et sans doute incontournable car on avait atteint des niveaux que les rendements des entreprises futures ne pourront certainement pas satisfaire.
Risque-t-on pour autant un krach ? Ce qui peut protéger d’un krach c’est le niveau toujours très faible des taux d’intérêt, ce qui incite à investir a minima sur les marchés d’actions.
Ce qui peut créer plus de nervosité est le fait que les marchés restent très chers et que l’environnement géopolitique ou politique soit très instable (tensions Chine – Etats-Unis sur le commerce ou dans les pays du Golfe). De plus, avec les valorisations actuelles très élevées, il suffit d’un faible choc pour « mettre le feu aux poudres ».
Cette année va surement être très instable, surtout sur les marchés d’actions. Dans le meilleur des cas il y aura une baisse graduelle, dans le pire des cas on ne peut pas exclure des stress ponctuels, bien que ce ne soit pas mon scénario central.