Qu’est-ce que l’accord sur le nucléaire iranien ?
L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, ou JCPoA (Joint Comprehensive Plan of Action) a été signé en juillet 2015, par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni), l’Allemagne, l’Union européenne et l’Iran.
Cet accord visait à un meilleur contrôle du programme nucléaire iranien, en échange de la levée des sanctions économiques à l’encontre du pays.
Donald Trump a régulièrement critiqué cet accord, accusant l’administration Obama d’avoir négligé la sécurité des Etats-Unis. Il avait indiqué sa volonté de retirer les Etats-Unis de l’accord, ce qui a été réalisé le 8 mai.
Ce retrait américain a créé une division avec les pays européens qui souhaitent le maintien de l’accord, et pourrait envenimer une situation déjà tendue au Moyen Orient.
D’un point de vue économique, les conséquences pourraient aussi être significatives.
Le rebond du pétrole
L’Iran est un acteur clé du marché du pétrole. La signature de l’accord en 2015 et la levée des sanctions économiques avaient poussé le prix du baril à la baisse, puisque cela s’était traduit par une hausse des exportations de pétrole iraniennes, donc un accroissement de l’offre mondiale de brut.
Le retrait américain de l’accord a eu l’effet inverse : le cours du pétrole dépasse aujourd’hui les 75 dollars, contre environ 50 dollars il y a un an.
D’autres facteurs que l’Iran, comme la robuste croissance mondiale qui tire la consommation mondiale de pétrole, ont poussé les prix à la hausse, mais le retrait américain (en grande partie anticipé par le marché dès le début du printemps) et le risque accru de conflit au Moyen-Orient ont incontestablement contribué à la hausse du prix du baril.
Les conséquences pour l’Iran
L’Iran a connu une croissance supérieure à 4 % en 2016 et 2017 et l’inflation, qui avait atteint 30 % en 2012, est retombée à 7 %.
Cette relative amélioration de la situation économique est en partie due à la levée des sanctions économiques qui ont facilité le commerce et permis le retour des investisseurs étrangers.
Cependant, le retrait américain de l’accord pourrait inverser la tendance. En effet, les firmes étrangères pourraient quitter l’Iran par crainte des sanctions américaines.
Les firmes européennes : rester ou partir ?
Donald Trump a prévenu : les entreprises du monde entier qui commercialiseraient avec l’Iran s’exposent à des sanctions économiques. Quant à celles qui y ont investi, elles ont quelques mois pour quitter le pays.
Ces menaces sont prises très au sérieux, chacun ayant en mémoire les amendes infligées à des entreprises ayant violé les embargos européens, comme BNP Paribas qui avait écopé d’une amende de 6 milliards d’euros.
Toute entreprise continuant à commercer où à investir en Iran et qui est aussi présente aux Etats-Unis, qui utilise des composants fabriqués aux Etats-Unis, ou qui utilise le dollar peut être touché par les sanctions américaines. C’est-à-dire que toutes les multinationales sont concernées, le dollar étant la monnaie de référence au niveau mondial.
Les firmes européennes qui sont revenues en Iran depuis 2015, comme Peugeot, Airbus ou Siemens, sont donc face à un choix délicat : partir ou rester en prenant le risque de sanctions américaines. Etant donné le poids économique des Etats-Unis et le rôle clé du dollar, il est probable qu’elles préféreront conserver leurs liens économiques avec les Etats-Unis plutôt qu’avec l’Iran.