Le nouveau terrain de jeu des arnaques : les crypto actifs
L’AMF tire la sonnette d’alarme en publiant des chiffres stupéfiants sur les réclamations des particuliers reçues au cours des quatre derniers mois. Après avoir fait face aux annonces frauduleuses sur les investissements en diamants, sur les contrats sur le Forex ou encore sur les options binaires, l’Autorité des marchés financiers se trouve une nouvelle fois confrontée à des arnaques se propageant très rapidement sur la toile.
Des arnaques en tous genres se diffusent, parfois promettant des rendements exorbitants, souvent peu risqués, et permettant ainsi d’attirer un maximum de néophytes. La tendance qui se dessine actuellement depuis plusieurs mois par les médias ne fait pourtant pas l’éloge des crypto actifs. Ces derniers sont souvent apparentés à des actifs « mystérieux » parfois difficilement compréhensible par le grand public ce qui permet d’amplifier le mythe.
Suite aux récentes affaires financières qui apparaissent autour du globe, une image méfiante de la finance traditionnelle et des banques se diffuse auprès des populations. Etre attiré par une technologie et des crypto-actifs qui se positionnent comme « antisystème » et « anti banques » semble alors de plus en plus légitime et les arnaqueurs en profitent pour en tirer un maximum de bénéfices.
Ces derniers promettent justement des performances aberrantes, des gains importants et rapides et bien entendu des placements très peu risqués. Ils amassent ainsi des sommes astronomiques allant jusqu’à plusieurs millions d’euros mais lorsqu’il s’agit de rendre l’investissement aux particuliers, les professionnels de l’arnaques disparaissent ou prennent des commissions réduisant les profits à néant.
L’Autorité des marchés financiers face à ces nouvelles arnaques
L’AMF doit faire face à ces fraudes qui renouvellent sans cesse leurs offres, faisant preuve de toujours plus d’ingéniosité pour arnaquer les investisseurs particuliers. Le marché des crypto actifs offre un avantage qui ne facilite pas la tâche du gendarme boursier : la facilité d’accès. Il suffit en effet de posséder un compte bancaire pour ouvrir un compte en ligne sur les plateformes d’échange de cryptomonnaies et pouvoir ainsi investir ou spéculer sur les cours de ces actifs. Ces marchés, reconnus pour leur très forte volatilité, peuvent permettre des retours sur investissement très importants. Les gains, tout comme les pertes, peuvent s’accroitre rapidement avec ces crypto actifs. En profitant de la crédulité de certains investisseurs, les arnaqueurs dérobent parfois les économies entières des particuliers de tous les âges.
L’AMF fait état de cette situation en publiant ses chiffres : sur les quatre premiers mois de l’année 2018, le centre Epargne Info-services a traité plus de 4 000 demandes dont 700 concernaient les crypto-actifs. C’est donc avec près de 250 réclamations ou signalements que les pertes ont été chiffrées à hauteur de neuf millions d’euros. Les profils touchés sont divers et concernent toute la population : un couple aisé aurait perdu une grande partie de ses économies en pariant sur le bitcoin, ou une retraitée vivant avec 900 euros par mois aurait perdu 24 000 euros, soit la totalité de ses économies.
A ces premiers chiffres significatifs, s’ajoute le montant moyen des pertes « qui avoisine les 50 000 euros » par personne affirme Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF.
Heureusement de nouvelles armes sont à prévoir, elles permettraient ainsi de lutter plus efficacement contre ces placements risqués. L’équivalent de l’AMF à l’échelle de l’Europe, l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA pour « European Securities and Markets Authority ») vient en effet d’annoncer la restriction de la vente des contrats pour différence (de l’anglais CFD pour « contract for difference »), des produits financiers pouvant porter sur de nombreux actifs sous-jacents, y compris les crypto actifs. Si la réglementation française accepte ces changements, la vente de CFD sur crypto actifs en France ne sera plus possible, permettant ainsi de limiter de façon drastique le nombre d’arnaques et de fraudes envers les investisseurs particuliers.