Une croissance économique anémique
L’Italie connait une situation économique particulièrement dégradée malgré un léger rebond de la croissance en 2017 (+ 1,5 %). Le niveau de PIB (produit intérieur brut) est toujours inférieur d’environ 5 % au niveau qu’il avait atteint avant la crise de 2008. En Europe, seule la Grèce connait une situation économique plus dégradée.
Le pays connait aussi un problème majeur de faible productivité. En effet, la productivité globale de l’économie italienne a diminué ces dernières années, une évolution particulièrement inquiétante puisque, à long terme, productivité et croissance économique évoluent de pair.
La situation des finances publiques pose aussi question. Avec une dette publique représentant 130 % du PIB, l’Etat italien est un des plus endettés d’Europe.
Enfin, les faiblesses du secteur bancaire, le taux de chômage élevé et un vieillissement démographique rapide sont autant de handicaps pour l’économie italienne.
La crise politique
L’Italie n’a pas de gouvernement depuis les élections du 4 mars 2018. La situation est particulièrement confuse. En effet, les partis arrivés en tête aux élections, le Mouvement cinq étoiles (parti qui se veut apolitique quoique majoritairement originaire de la gauche radicale et qui se veut « antisystème ») et la Ligue (parti d’extrême droite), ont tenté, après de longues tractations, de former un gouvernement, qui a été rejeté par le Président de la République Sergio Mattarella.
Aujourd’hui, diverses solutions semblent envisageables : des élections anticipées (plusieurs dates ont été avancées) avec un gouvernement provisoire ou une nouvelle tentative de former une coalition.
Etant donné les faiblesses de l’économie italienne, le blocage politique est en train d’avoir de fortes répercussions économiques.
Les répercussions économiques du blocage politique
Les milieux économiques pointent trois risques majeurs liés au cafouillage politique.
La hausse des taux d’emprunt de l’Etat italien
Un premier risque tient au fait que, en raison de la paralysie politique et de l’impossibilité de conduire la politique économique, les investisseurs craignent pour la solidité des finances publiques et refusent de prêter à l’Etat italien. Dans ce cas, le taux que devrait payer l’Italie augmenterait, ce qui aggraverait encore ses problèmes budgétaires dans un effet « boule de neige ».
Ce risque a déjà commencé à se matérialiser, avec une forte hausse du spread d’environ 80 points de base.
Le spread représente l’écart entre un taux d’intérêt et un taux de référence, réputé sûr. Concernant la dette publique, la référence est le taux des emprunts d’Etat allemand à 10 ans. Le spread de l’Italie est donc l’écart entre le taux italien et le taux allemand. En deux semaines, le taux des emprunts d’Etat italien à 10 ans a augmenté (approximativement) de 2,1 % à 2,7 %. Dans le même temps, le taux des emprunts d’Etat allemand à 10 ans a baissé de 0,6 % à 0,4 %. L’écart (ou spread en anglais) entre les deux taux est donc passé de 1,5 à 2,3. Autrement dit, le spread a augmenté en une semaine de 0,8 point, soit 80 points de base. Une hausse du spread indique une perte de confiance des investisseurs dans la capacité d’un emprunteur à honorer ses dettes.
Des dépenses publiques incontrôlables
Un deuxième risque est lié au programme très dépensier du Mouvement cinq étoiles et de la Ligue (ce qui explique en partie que le Président de la République se soit opposé à un tel gouvernement). Or, dans le cas où un gouvernement baisserait fortement les impôts en même temps qu’il augmenterait les dépenses, la dette publique italienne, déjà élevée, augmenterait encore plus.
La sortie de l’euro
Un troisième risque, le moins probable mais qui aurait aussi les répercussions les plus violentes, serait une sortie de l’Italie de la zone euro. L’abandon de l’euro ne figure pas au programme ni du Mouvement cinq étoiles ni de la Ligue, mais ces deux partis n’ont jamais caché leur scepticisme envers l’euro et l’Union Européenne.
Ce scénario extrême inquiète particulièrement les investisseurs, car il pourrait signifier un défaut de l’Italie sur sa dette.