De nouveaux droits de douane
L’acier et l’aluminium que les Etats-Unis importent de l’Union Européenne, du Canada et du Mexique sont taxés à respectivement 25 % et 10 % depuis le premier juin.
L’impact économique d’une telle mesure ne doit pas être sur-estimé puisque l’acier et l’aluminium ne représentent que 1,7 % des exportations européennes vers les Etats-Unis.
Cette mesure a plutôt une portée symbolique puisqu’elle symbolise la volonté de Donald Trump de mener une politique économique non-coopérative et qu’elle rompt avec les règles habituelles du commerce international édictées par l’Organisation Mondiale du Commerce.
De plus, elle risque d’entraîner des représailles de la part de l’Union Européenne et pourrait déclencher une « guerre commerciale » avec une course à la hausse des droits de douanes entre les principaux pays (ou zones commerciales) du monde.
Comment réagir face à ces nouveaux droits de douane ?
L’Union Européenne a affirmé sa volonté de prendre des mesures de rétorsion en instaurant des droits de douane sur des produits américains emblématiques comme le bourbon ou les Harley Davidson. Le Mexique a annoncé des mesures similaires.
Pourtant, faut-il rétorquer aux droits de douane américains par une mesure équivalente ? Autrement dit, est-il pertinent de devenir protectionniste parce que les autres le deviennent ?
En apparence, oui, car si les Etats-Unis préfèrent consommer de l’acier produit chez eux plutôt que de l’importer d’Europe, cela nuit à l’économie européenne au bénéfice de l’économie américaine, et il conviendrait de contrebalancer cet avantage que les Etats-Unis s’octroient par une mesure équivalente en Europe.
Mais de nombreux économistes contredisent cette approche. Par exemple, Frédéric Bastiat disait au XIXème siècle que « cela n’a pas plus de sens d’être protectionniste parce que les autres imposent des droits de douane que cela en aurait de bloquer nos ports parce que les autres ont des côtes rocheuses ».
En effet, si les Etats-Unis imposent des droits de douane, leurs importations vont momentanément baisser. Mais cela va conduire, toute chose égale par ailleurs, à une appréciation du dollar par rapport aux autres monnaies, l’euro dans le cas présent. Et l’appréciation du dollar rendra les exportations européennes plus compétitives (et les importations américaines plus chères pour l’Europe) et, de ce fait, il est probable que le commerce entre l’Europe et les Etats-Unis reviendra à son niveau initial, seule la composition des produits échangés aura été modifiée.
Les droits de douane américains risquent de conduire à une appréciation du dollar par deux canaux. D’une part, comme les américains achèteront moins de produits européens il y aura moins de dollars vendus contre des euros. D’autre part, ces droits de douane contribuent à stimuler l’inflation, donc la hausse des taux d’intérêts. Et si les taux d’intérêts augmentent aux Etats-Unis, les investisseurs vont avoir tendance à plus placer en dollars, ce qui conduit à son appréciation.
De manière générale, les gains liés au commerce international proviennent d’une spécialisation dans les produits pour lesquels chaque pays est le plus productif, et pas d’une balance commerciale déficitaire ou excédentaire. C’est pourquoi de nombreux économistes s’opposent aux entraves au commerce, car elles empêchent cette spécialisation productive.