Pourquoi un budget pour la zone euro ?
Le taux de change est un instrument efficace pour stabiliser les économies. Notamment, en cas de crise, la dépréciation de la monnaie permet aux exportations de gagner en compétitivité et donc d’atténuer la violence de la crise.
Avec la création de l’euro, le taux de change est fixe entre tous les pays de la zone euro. Donc, lorsqu’un pays (ou groupe de pays) connait une crise, il ne peut plus utiliser le taux de change pour relancer son économie. C’est notamment ce qui s’est passé en Europe méditerranéenne depuis 2008 (Grèce, Italie, Espagne, Portugal). En crise, ces pays n’ont pas pu doper leurs économies grâce à la dévaluation, ce qui a renforcé la violence de la récession.
Si l’on compare la zone euro avec les Etats-Unis pas exemple (deux ensembles de taille comparable), la différence notable est le budget : les Etats-Unis ont un budget fédéral, mais pas la zone euro.
De ce fait, quand une région des Etats-Unis connait un choc (par exemple la Floride suite à l’explosion de la bulle immobilière en 2008), elle ne peut certes pas jouer sur le taux de change, mais elle perçoit des transferts du budget fédéral qui aident à relancer l’économie locale.
Autrement-dit, les différents Etats Américains n’ont pas l’outil du taux de change pour servir de « coussin » en cas de crise locale, mais ils ont le budget fédéral. En zone euro, il n’y a ni taux de change, ni budget.
L’économiste Robert Mundell a théorisé la notion de zone monétaire optimale, c’est-à-dire une situation dans laquelle une zone géographique a intérêt à se doter d’une même monnaie. Les principaux critères permettant d’évaluer les caractéristiques d’une zone monétaire optimale sont une forte ouverture commerciale, la mobilité des facteurs de production (notamment des travailleurs) et… un certain fédéralisme budgétaire.
Que recouvre le projet d’Emmanuel Macron et Angela Merkel ?
C’est donc dans l’optique de faire tendre la zone euro vers une zone monétaire optimale que les dirigeants français et allemands ont annoncé leur volonté d’avancer vers la création d’un budget commun à la zone euro.
Cependant, les ambitions de ce « budget » sont encore modestes. En effet, les Allemands et les autres pays relativement prospères d’Europe du nord sont rétifs à toute idée d’union budgétaire, car ils craignent de payer pour l’ensemble de la zone euro, y compris les pays plus pauvres du sud.
Pour l’instant, les contours de ce « budget » sont encore flous. Il pourrait s’agir d’un « budget d’investissement », destiné à investir dans les nouvelles technologies ou la formation. Il pourrait être alimenté par des contributions des Etats membres de la zone euro, l’idée d’une taxe sur les transactions financières a elle aussi été évoquée.
Le montant de ce « budget d’investissement » est encore inconnu, le chiffre de quelques dizaines de milliards d’euros a été avancé. C’est un montant faible et insuffisant pour représenter un réel budget pour la zone euro (à titre de comparaison, les ressources du seul Etat français sont d’environ 240 milliards d’euros par an).