La situation de la Grèce
Depuis l’éclatement de la crise, en octobre 2009, quand le nouveau gouvernement socialiste avait révélé que le déficit budgétaire était trois fois plus élevé que ne l’indiquaient les chiffres officiels (un déficit de 15 % du PIB, alors que les traités européens fixent la limite à 3 %), l’économie grecque s’est littéralement effondrée.
En dix ans, le PIB a chuté d’un tiers, et les revenus de la population d’un quart. Le chômage est passé de 8 % à un pic à 28 %. C’est la crise économique la plus violente qu’ait connue un pays développé depuis la seconde guerre mondiale.
L’État grec s’est retrouvé en faillite et a vécu sous perfusion de ses partenaires européens. Mais l’aide européenne a été très critiquée car elle s’est accompagnée de plans d’austérité drastiques (baisse des dépenses publiques et hausse des impôts) qui ont miné l’économie et aggravé les problèmes budgétaires de l’État.
Pourtant, la situation semble s’améliorer progressivement.
Sortie des plans d’aide et perspectives
Depuis 2017 la croissance est revenue, et elle devrait dépasser 2 % cette année, notamment grâce au dynamisme du tourisme. Le chômage a légèrement baissé, passant de 28 % à 19,5 % de la population active. Le déficit public et le déficit de la balance des paiements, après avoir atteint 15 % du PIB il y a une dizaine d’années, sont tous deux autour de l’équilibre.
Du fait de ces améliorations, la Grèce est sortie le lundi 20 août des programmes d’aide européens et devrait à nouveau voler de ses propres ailes et se financer directement sur les marchés financiers.
Pourtant, de nombreux doutes subsistent.
D’une part, l’amélioration économique, si elle est réelle, reste limitée. Le chômage est toujours élevé et la croissance modeste. Suite à une crise violente, la croissance a tendance à rebondir fortement pour rattraper son niveau d’avant-crise. Mais dans le cas de la Grèce, une croissance de seulement 2 % (et inférieure les années suivantes si l’on en croit les prévisions du FMI) n’indique en rien un rattrapage rapide.
Ensuite, la dette publique est toujours élevée, à 180 % du PIB, et il n’est pas certain que l’État grec puisse supporter seul un tel niveau de dettes et le refinancer sur les marchés financiers.
Enfin, la Grèce a pris des engagements qui se prolongeront jusqu’en 2060. Elle devra dégager un excédent primaire de 3,5 % du PIB jusqu’en 2022, puis de 2,2 % jusqu’en 2060.
Le déficit (ou excédent) primaire signifie que l’on ne prend pas en compte le paiement des intérêts. Par exemple, si un État perçoit 100 de rentrées fiscales, dépense 105 (dont 5 d’intérêts sur sa dette), son déficit est de 5 mais son déficit primaire est de 0.
Cependant, dégager de tels excédents primaires signifie que la Grèce devra continuer à mener des politiques d’austérité qui freineront sa croissance. Et sans croissance, il sera difficile de réduire le poids de la dette publique…
Pour la Grèce, la sortie officielle des plans d’aide ne signifie pas encore la fin de la crise.