Une trajectoire économique mouvementée mais prometteuse
Comme beaucoup d’autres pays d’Amérique latine, le Brésil a connu deux décennies difficiles dans les années 1980 et 1990 : hyperinflation, effondrement du change, finances publiques largement déficitaires… Les crises économiques successives ont fréquemment conduit à des crises politiques, l’instabilité politique pénalisant à son tour l’investissement et la croissance dans un cercle vicieux dont il fut difficile de s’extraire.
Pourtant, à la fin des années 1990, le Brésil est parvenu à maîtriser l’inflation et le déficit public, et la croissance a accéléré jusqu’à atteindre 6 % en 2007. Cette croissance qui semblait durable a profité à tous grâce aux mesures sociales du président Lula. Selon la Banque Mondiale, le taux de pauvreté chute de 24,7 % à 8,9 % entre 2000 et 2013. Le « B » du Brésil devient même la première lettre de l’acronyme BRICS, qui symbolise les grands pays en développement connaissant un développement rapide.
Le terme de BRICS a été inventé en 2001 par Jim O’neill un économiste de la banque d’affaires Goldman Sachs. Il désigne le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (South Africa en anglais). Plus largement, l’acronyme désigne le dynamisme des pays en développement en voie de rattraper économiquement les pays riches. Pourtant, le Brésil, la Russie et l’Afrique du Sud ont connu des situations économiques difficiles depuis 2014, réduisant la pertinence du terme de BRICS qui regroupe des pays présentant des situations très diverses.
Crise économique et crise politique
Alors que le Brésil avait assez facilement surmonté la violente crise mondiale de 2008, il semble retomber dans ses anciennes difficultés depuis 2014.
D’une part, la baisse brutale du cours des matières premières a affaibli l’économie brésilienne, très dépendante de l’agriculture et de l’extraction minière. Mais la crise politique (corruption et maquillage des comptes publics), qui a abouti à la destitution de la présidente Dilma Rousseff en 2016, a aggravé les difficultés économiques. En effet, les investisseurs, tant étrangers que domestiques, ont retardé leurs projets, ce qui a pénalisé la croissance.
De plus, la faiblesse du président Michel Temer qui a succédé à Dilma Rousseff n’a pas permis de mener les réformes nécessaires, notamment pour réduire un déficit public abyssal (7,8 % du PIB en 2017).
La situation politique reste tendue, ce qui risque de prolonger le marasme écologique. L’ancien président Lula, qui faisait la course en tête dans les sondages, n’a pas pu se présenter suite à sa condamnation pour corruption. Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, actuellement en tête des intentions de vote, a été grièvement blessé au couteau au cours de sa campagne.
Le résultat des élections des 7 et 28 octobre apportera peut-être la stabilité dont a besoin l’économie brésilienne. Et la récente remontée des prix des matières premières pourrait aussi apporter un bol d’oxygène bienvenu.