Un contexte économique plus difficile
Après une accélération de la croissance qui a atteint 2,2 % en 2017, l’année 2018 sera marquée par un ralentissement. En effet, après une croissance de seulement 0,2 % au premier et second trimestre de l’année, le gouvernement prévoit 1,7 % de croissance en 2018 (alors qu’en début d’année il espérait atteindre 2 %), un chiffre qui pourrait être encore revu à la baisse.
Ce regain de croissance avait permis à la France de réduire son déficit public à 2,6 % du PIB en 2017, soit en dessous du seuil de 3 % fixé par les traités européens. Cependant, le contexte conjoncturel moins porteur complique l’équation budgétaire du gouvernement. Le déficit public devrait rester identique en 2018 et se dégrader légèrement à 2,8 % en 2019.
Cependant, les prévisions du gouvernement pourraient se révéler trop optimistes. Par exemple, le gouvernement prévoit un taux d’inflation de 1,8 % en 2018, et un prix moyen du baril de pétrole à 72 dollars. Cependant, en juillet les prix ont augmenté de 2,3 % sur un an, poussés par la hausse du prix du pétrole qui dépasse désormais les 80 dollars le baril.
De plus, l’hypothèse du gouvernement d’une hausse des exportations de 3,7 % en 2018 pourrait se trouver contrariée si Donald Trump venait à augmenter les droits de douane sur les produits européens.
Dans ce contexte économique moins porteur, le gouvernement fait le choix d’orienter sa politique budgétaire vers les entreprises.
Une politique budgétaire orientée vers l’offre
Le gouvernement a annoncé une baisse d’impôts de 6 milliards d’euros à destination des ménages, mais sa politique budgétaire reste orientée en faveur des entreprises et met plus l’accent sur l’offre que sur la demande.
Deux façons de dynamiser l’économie se font face : une politique orientée vers la demande (souvent qualifiée de « keynésienne ») cherche à augmenter la consommation des ménages pour relancer la production. Une autre, orientée vers l’offre (d’inspiration plus classique ou néo-classique), vise à augmenter l’investissement des entreprises pour dynamiser la production et les embauches.
En effet, si le gouvernement a prévu 6 milliards d’euros de baisse d’impôts pour les ménages, l’imposition globale sur les entreprises devrait quant à elle baisser de 18,8 milliards d’euros. Cet effort en faveur des entreprises tient surtout à la transformation du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en allègement de cotisations sociales. En effet, le CICE consiste en une réduction d’impôts mise en place par François Hollande en 2013. Cependant, ces réductions d’impôts sont payées par l’Etat avec une année de décalage. Afin d’éviter ce décalage qui complexifie la vie des entreprises et la gestion de leur trésorerie, le gouvernement a décidé de transformer ce mécanisme en une diminution de charges sociales. De ce fait, en 2019, l’Etat devra à la fois payer les réductions d’impôts de l’année précédente et les allègements de charges nouvellement instaurées. Cette mesure allègera à elle seule la fiscalité sur les entreprises à hauteur de 20,4 milliards d’euros en 2019.
La politique du gouvernement semble s’inspirer de la célèbre formule du chancelier allemand Helmut Schmidt selon laquelle « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». Cette politique pourrait porter ses fruits. Le gouvernement anticipe une hausse de l’investissement des entreprises de 3 % en 2019, après 4,6 % en 2018.
Cependant, en raison des nombreux risques qui planent sur la croissance (hausse du prix du pétrole, protectionnisme de Donald Trump, hausse probable des taux d’intérêt dans le futur…), il se pourrait que les entreprises, frileuses, n’investissent pas autant que le gouvernement ne l’anticipe.
La variation des dotations par ministère
La défense est le ministère le mieux loti du budget 2019. En effet, son budget augmentera de 1,7 milliards d’euros, à 35,8 milliards au total. L’objectif étant de porter le budget de la défense à 2 % du PIB en 2025, contre 1,8 % aujourd’hui.
Ensuite, le Ministère de l’Intérieur bénéficiera de la création de 2 278 postes supplémentaires, avec un budget en hausse de 200 millions d’euros. La justice verra elle aussi son budget augmenter pour atteindre 7,29 milliards d’euros, soit une hausse de 4,4 %. Enfin, l’enseignement supérieur et la solidarité et l’égalité des chances connaîtront eux aussi une hausse de leur budget, respectivement de 500 et 170 millions d’euros.
Parmi les « perdants » du budget 2019 se trouvent l’emploi, qui voit une baisse de son budget de presque 20 % (notamment du fait de la diminution des contrats aidés), ainsi que les sports dont le budget passera de 481 millions à 451 millions d’euros.
En termes de diminution de poste, le Ministère des Finances sera le plus touché, avec la diminution de plus de 2 200 postes. Cela est dû principalement au fait que la numérisation réduit le nombre d’employés nécessaire au recouvrement des impôts.