Le « prix Nobel » d’économie récompense des recherches sur la croissance durable
Paul Romer et William Nordhaus ont été primés pour avoir « mis au point des méthodes qui répondent à des défis parmi les plus fondamentaux et pressants de notre temps, à savoir comment nous pouvons créer une croissance soutenable à long terme. Leurs contributions nous apportent des éléments de compréhension sur les causes et conséquences de l’innovation technologique et du changement climatique », selon la déclaration du comité Nobel.
Une nouvelle fois, deux chercheurs américains sont à l’honneur. Les Etats-Unis comptent pour 65 % du total des lauréats et les universités américaines représentent l’immense majorité des institutions où enseignent les lauréats.
Le « prix Nobel » d’économie présente la particularité de ne pas avoir été mentionné par Alfred Nobel dans son testament au même titre que les autres prix. Il a été ajouté en 1968 et son nom exact est : Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, souvent abusivement simplifié en prix Nobel d’économie.
Paul Romer, le père de la croissance endogène
Paul Romer, 62 ans, est professeur à l’université Stern de New York. Il est principalement connu pour ses travaux sur la croissance endogène.
Selon la théorie traditionnelle, le progrès technique, qui constitue une variable clé de la croissance économique, était une variable exogène, c’est-à-dire sur laquelle il était difficile d’agir. Cependant, selon la théorie de la croissance endogène, le progrès technique peut être influencé et stimulé par la manière dont s’organisent les individus. Autrement dit, une multitude d’actions microéconomiques prises par les individus et au sein des entreprises impacte directement le progrès technique, et donc la trajectoire de croissance des économies.
Romer est aussi connu pour les critiques qu’il a adressées à sa discipline et à ses collègues. En 2016, il a notamment critiqué la manière de travailler des économistes qui se baseraient excessivement sur des modèles mathématiques déconnectés de la réalité.
Il a également démissionné de son poste d’économiste en chef de la Banque Mondiale en janvier 2018 pour protester contre ce qu’il estime être les biais idéologiques du classement « Doing Business » qui liste les pays selon la facilité pour y faire des affaires.
Il a aussi critiqué ses collègues pour la mauvaise qualité de leur expression écrite. Il défend par exemple l’idée selon laquelle un papier ne doit pas être composé à plus de 2,6 % du mot « et ».
William Nordhaus a fait le lien entre économie et écologie
Professeur à Yale, âgé de 77 ans, William Nordhaus est devenu célèbre pour avoir créé un modèle économique décrivant les interactions entre économie et climat. Il est d’ailleurs utile de mentionner que l’annonce de sa nomination s’est faite le même jour que la publication d’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui rappelle l’urgence à lutter contre le réchauffement climatique.
Les travaux de Nordhaus ont trouvé des applications concrètes, notamment l’instauration d’une taxe carbone et l’estimation d’un prix pour les émissions de carbone.