Qu’est-ce qui pousse le pétrole à la hausse ?
Le prix du pétrole a sensiblement augmenté au début des années 2000, surtout poussé par la demande chinoise, et a atteint près de 130 dollars à l’été 2008 (le Brent a même connu un pic à 147 dollars en juillet 2008). Après un creux lors de la crise financière, le baril est resté élevé jusqu’en 2014.
A partir de l’automne 2014, le prix du pétrole a plongé à pour atteindre un plus bas à30 dollars en 2016 et s’est maintenu plusieurs années autour de 50 dollars. Cela est dû au ralentissement de la croissance chinoise, à la hausse de la production de pétrole et gaz de schiste aux Etats-Unis et à la hausse des exportations iraniennes suite à l’accord sur le nucléaire.
Cependant, depuis le début de l’année, le retrait de Donald Trump de l’accord sur le nucléaire iranien et les sanctions commerciales imposées par les Etats-Unis envers l’Iran ont conduit à une baisse des exportations iraniennes, ce qui a poussé les prix mondiaux à la hausse. Le prix du Brent a dépassé les 85 dollars et le WTI s’est quant à lui approché des 80 dollars début octobre.
Le pétrole est mesuré en barils (environ 159 litres) et s’échange en dollars sur un marché mondial. Cependant, il existe plusieurs marchés dont les principaux sont le Brent et le WTI. Le Brent, échangé à Londres, est le pétrole de la Mer du Nord. Le WTI (West Texas Intermediate) est quant à lui la référence américaine. Leur prix n’est pas identique car leurs caractéristiques (notamment le taux de souffre) diffère.
Quelles conséquences de la hausse du pétrole brut ?
La hausse des prix du pétrole a mécaniquement des effets négatifs sur l’économie française.
D’une part, le pétrole est presque intégralement importé, et une hausse du prix dégrade la balance commerciale. Le déficit commercial français, qui devrait être d’environ 60 milliards d’euros (soit 3 % du PIB) en 2018, pourrait être plus important si le prix du baril augmentait encore. En effet, près de 20 % du déficit commercial est lié au secteur de l’énergie.
D’autre part, l’inflation accélère, poussée par un pétrole plus cher. Cet été, l’inflation a atteint 2,3 % en glissement annuel, soit le taux le plus fort depuis 2012. Si cette poussée inflationniste est positive en ce qu’elle écarte le risque de déflation, elle ampute aussi le pouvoir d’achat des ménages et pèse négativement sur la consommation.
La hausse des prix à la pompe s’explique principalement par la hausse de la fiscalité. En effet, le prix payé par le consommateur est composé à environ 60 % de taxes, le pétrole brut représente quant à lui environ 25 % du prix. La hausse de la fiscalité est appelée à se poursuivre, surtout sur le gazole qui est plus polluant que l’essence. Les prix à la pompe devraient continuer à croître indépendamment de l’évolution des cours du brut.
A l’échelle mondiale, un prix du pétrole plus élevé a des répercutions très différentes selon les pays. Pour les pays producteurs, comme l’Arabie Saoudite, la Russie ou l’Algérie, cette hausse est une aubaine qui va permettre d’accroître le prix des exportations et les recettes des États.
Cependant, les pays importateurs seront les grands perdants du pétrole plus cher. La France n’est à ce titre pas le pays le plus vulnérable.
Des pays émergents dépendants du brut importé et souffrant d’un fort déficit commercial et d’une dépréciation de leur monnaie, comme la Turquie, voient leurs difficultés s’accroître chaque fois que le prix du pétrole augmente. Il pourrait en résulter une hausse de l’instabilité sur les marchés financiers, que ce soit les marchés boursiers ou le marché des changes.