La situation économique du Brésil changeante
Dans les années 1980 et 1990 le Brésil, ainsi que de nombreux autres pays d’Amérique latine, ont connu une situation économique difficile. Les déficits publics étaient élevés, la croissance « poussive » et l’ hyperinflation s’est installée, avec des prix qui doublaient tous les mois.
Cependant, le « plan réal » de 1994 a permis de contenir l’inflation et, de la fin des années 1990 à 2013, la croissance a décollé, la pauvreté a reculé et le Brésil faisait figure de pays en plein développement. C’est la période pendant laquelle le pays a été dirigé par le président Lula. Aidé par le cours élevé de matières premières agricoles dont le Brésil est un important producteur, Lula a mis en place des politiques sociales fortes qui ont permis d’améliorer le sort des plus démunis dans un pays très inégalitaire.
Cependant, avec la chute du prix des matières premières en 2014, le pays est entré en récession. La croissance est revenue modestement en 2017 et devrait rester atone en 2018 (1,4 % selon le FMI).
Les scandales de corruption et la crise politique qui ont conduit à la destitution de Dilma Rousseff en 2016 ont aggravé les difficultés économiques. En effet, la paralysie politique a empêché l’adoption de réformes qui auraient pu aider à limiter l’ampleur du déficit public, qui s’approche de 8 % du PIB.
La crise économique et politique a favorisé l’émergence de Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite n’appartenant pas aux grands partis traditionnels.
Quel est le programme économique de Jair Bolsonaro ?
Jair Bolsonaro est un ancien militaire, nostalgique des années de dictature, qui a axé son programme sur l’insécurité et la défense des valeurs traditionnelles (religion, famille, critique de l’homosexualité…). Son programme économique est pour l’instant peu clair. Pour tenter d’esquisser la politique économique qu’il entend mener, il faut s’intéresser à son conseiller et probable futur ministre de l’économie, Paulo Guedes, un économiste et banquier de 69 ans qui fait partie de la mouvance libérale dite des « Chicago boys ».
Les « Chicago boys » sont des économistes sud-américains formés dans les années 1970 à Chicago, où enseignait Milton Friedman. Ils ont ensuite occupé des postes à responsabilité dans des gouvernements de droite et mené des politiques farouchement libérales (privatisations massives, ouverture aux flux commerciaux et de capitaux…). Ils ont été critiqués pour leur soutien à des régimes autoritaires, comme celui d’Augusto Pinochet au Chili, leurs détracteurs leur faisant dire « peu importe que les gens soient en prison tant que les prix sont en liberté ».
La politique économique de Jair Bolsonaro et Paulo Guedes sera donc d’inspiration libérale. Ils s’engageront vraisemblablement dans un vaste programme de privatisations et de baisse des dépenses publiques (notamment des dépenses sociales) pour renflouer les caisses de l’État. Une telle politique risque de conduire à une hausse des inégalités, dans un pays déjà marqué par une pauvreté endémique.
Les deux hommes devraient mener une politique très favorable aux grands agriculteurs, céréaliers et éleveurs. Jair Bolsonaro n’a jamais fait mystère du peu d’intérêt qu’il porte aux questions environnementales, et entend favoriser le développement agricole au détriment de toutes autres considérations. La fusion prévue des ministères de l’agriculture et de l’environnement inquiète particulièrement les défenseurs de la forêt amazonienne.
Cependant, Jair Bolsonaro gouvernera probablement avec d’autres militaires dont le vice-président Hamilton Mourã, un ancien général. Rappelons que de nombreux militaires sont partisans d’un État fort et donc d’une politique interventionniste. Il pourrait donc y avoir des frictions sur les sujets économiques au sein de la nouvelle administration.