La croissance française en détail
Après avoir été de 0,2 % aux 1er et 2ème trimestres 2018, la croissance française a été de 0,4 % au troisième trimestre selon l’Insee.
Presque tous les voyants ont été au vert au cours du trimestre écoulé. En effet, la consommation des ménages a augmenté de 0,5 % (après s’être contractée de 0,1 % au 2ème trimestre) et la consommation des administrations publiques a cru de 0,2 %.
L’investissement (désigné par l’Insee sous le terme de « formation brute de capital fixe ») a quant à lui augmenté de 0,8 %, un chiffre similaire au trimestre précédent. Autre point positif : la bonne tenue de l’investissement des entreprises qui a affiché une croissance de 1,4 %.
A l’inverse, la déception vient de l’investissement des ménages (c’est-à-dire principalement l’investissement immobilier) qui s’est contracté de 0,2 %.
Du côté du commerce extérieur, les exportations ont cru plus vite que les importations (0,7 % pour les premières contre 0,4 % pour les secondes). Le commerce extérieur a donc contribué positivement à la croissance du troisième trimestre (pour 0,1 point).
Enfin, la variation des stocks a contribué négativement à la croissance (- 0,2 point). Sans cet élément conjoncturel et peu pertinent pour analyser la dynamique économique, la croissance française aurait donc été de 0,6 %.
Le décalage entre la production et la livraison des entreprises est mesuré par la variation des stocks. Si les stocks augmentent, cela signifie que la production a été dynamique, ce qui conduit à une hausse du PIB (et inversement en cas de diminution des stocks).
Ces variations peuvent avoir un impact significatif sur la croissance à court terme, mais ne sont pas pertinentes pour une analyse de moyen ou long terme.
L’accélération de la croissance française est particulièrement notable puisque la zone euro a, quant à elle, connu un ralentissement (+ 0,2 % au 3ème trimestre contre + 0,4 % au 2ème).
Les perspectives de croissance
L’acquis de croissance français est désormais de 1,5 %. La prévision du gouvernement d’une croissance de 1,7 % en 2018 pourrait être atteinte si la croissance accélérait à 0,8 % au 4ème trimestre.
Le dynamisme de l’investissement des entreprises (qui devrait croître d’environ 4 % en 2018, un chiffre plutôt élevé comparé à la moyenne des dernières années) est un élément positif de l’économie française pour les trimestres à venir.
Taux de croissance et acquis de croissance
Dans les schémas suivants, nous expliquons pourquoi la croissance annuelle ne se mesure pas en additionnant la croissance de chaque trimestre mais en calculant l’évolution du PIB d’une année sur l’autre.
Détaillons le cas de la France, avec deux scénarios. Le premier représente une croissance nulle au quatrième trimestre 2018. Dans ce cas, le PIB serait de 549 milliards d’euros au troisième comme au quatrième trimestre, et le PIB annuel de 2 192 milliards d’euros. La croissance du PIB en 2018 s’établirait dans ce cas à 1,5 %. L’acquis de croissance, c’est-à-dire la croissance annuelle si la croissance est nulle jusqu’à la fin de l’année, est bien de 1,5 %.
Dans le second scénario, la croissance serait de 0,8 % au quatrième trimestre. Dans ce cas, la croissance annuelle serait de 1,7 %. On constate que le passage d’une croissance de 0 % à une croissance de 0,8 % au quatrième trimestre entraîne une hausse de la croissance annuelle de seulement 0,2 point (de 1,5 % à 1,7 %). Cela est dû à la vigueur de la croissance au quatrième trimestre 2017 (+ 0,7 %).
Des risques potentiels menacent la croissance
Cependant, des risques potentiels continuent de planer : les restrictions commerciales de Donald Trump pourraient pénaliser nos exportations, la hausse probable des taux d’intérêt risque de freiner l’investissement et la situation italienne (faible croissance, dette publique élevée, tensions avec la Commission européenne) soulève des inquiétudes quant à la stabilité de la zone euro.