Brexit : que contient le compromis ?
Le Royaume-Uni quittera officiellement l’UE le 29 mars 2019. Cependant, de nombreuses questions épineuses sont à négocier avant cette date.
Face à la technicité des dossiers et aux intérêts divergents des parties prenantes (désaccords entre le Royaume-Uni et l’UE, voire au sein même du Royaume-Uni), il a été convenu d’une période de transition qui durerait du 29 mars 2019 au 31 décembre 2020. Cette période de transition pourrait ensuite être prolongée une fois. Pendant cette période de transition, le Royaume-Uni ne siègera plus dans les institutions de l’UE, mais sera toujours membre du marché unique et de l’union douanière, et devra appliquer les règlementations correspondantes.
Autrement dit, la résolution des questions les plus épineuses, que ce soit sur la frontière irlandaise ou le commerce, a été remise à plus tard.
Brexit et question irlandaise
La frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord est un des sujets les plus problématiques. En effet, l’Irlande du Nord fait partie du Royaume-Uni et l’Irlande de l’UE. Le Brexit pourrait faire renaître une frontière qui est aujourd’hui estompée, les habitants et marchandises circulant librement dans toute l’Irlande.
Or, l’Irlande du Nord a connu jusque dans les années 1980 des tensions communautaires violentes entre les protestants favorables aux liens avec Londres et les catholiques partisans d’une réunification de l’île. Le retour d’une frontière risquerait d’alimenter les tensions et les rancœurs, menaçant l’équilibre trouvé dans la région. Les partisans du Brexit souhaiteraient le retour de frontières avec l’UE, sauf en Irlande. Une situation cependant inenvisageable pour les Européens car cela signifierait que les marchandises ou personnes souhaitant éviter la frontière se contenteraient de transiter par l’Irlande. Sur cette question, les deux parties ont décidé de prolonger les négociations jusqu’au 1er janvier 2020.
Les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne
Le commerce est un autre point brûlant des négociations du Brexit. Le Royaume-Uni souhaiterait continuer à commercer librement avec l’UE, mais aussi pouvoir gagner en autonomie et négocier des traités commerciaux avec d’autres pays du monde. Cependant, être membre du marché unique implique d’en respecter les règles, et donc de ne pas négocier seul des traités commerciaux.
Ensuite, les partisans du Brexit souhaitent pouvoir contrôler les migrations intra-européennes. Pour l’UE, la liberté de circulation des marchandises et des personnes va de pair. Il ne serait donc pas possible pour le Royaume-Uni de limiter la circulation des personnes tout en conservant un accès sans entrave au marché européen. Cette question, centrale puisqu’environ la moitié du commerce britannique se fait avec l’UE, sera traitée pendant la période de transition. D’ici le 31 décembre 2020, le Royaume-Uni devrait continuer à commercer librement avec l’UE.
Un compromis critiqué au Royaume-Uni
Il n’est cependant pas certain que ce compromis voie le jour. En effet, une partie de la classe politique britannique, partisane d’un Brexit « dur », y est opposée.
Dans le divorce actuellement en cours entre le Royaume-Uni et l’UE, deux solutions sont envisageables. L’une consisterait en une sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE, mais un maintien de la libre circulation des personnes et des marchandises (Brexit « doux » ou « soft »). L’autre impliquerait une sortie non seulement de l’UE, mais aussi de tous les accords s’y rattachant, ce qui pourrait conduire à un retour de droits de douane avec l’UE (Brexit « dur » ou « hard »).
Le compromis actuel se place plutôt dans la perspective d’un Brexit « doux », dans lequel la libre circulation des biens et des personnes serait préservée, au moins jusqu’à la fin de la période de transition. En signe d’opposition, quatre membres du gouvernement de Theresa May ont démissionné, dont le ministre en charge du Brexit, Dominic Raab.
Theresa May se voit critiquée par son propre gouvernement conservateur et le compromis négocié avec Bruxelles pourrait être rejeté par le parlement. Dans ce cas, les négociations seraient dans une impasse, et la date butoir du 29 mars 2019 approcherait sans aucun accord. Le risque serait alors une sortie de l’UE sans accord, provoquant un retour brutal des frontières le 30 mars, ce qui perturberait le commerce et les déplacements de personnes.