Le rejet de l’accord de Thérésa May et ses conséquences
Le 15 janvier les députés britanniques ont rejeté par 432 voix contre 202, l’accord de divorce conclu entre l’UE et le gouvernement britannique. L’écart abyssal de 230 voix contre le chef du gouvernement est inédit par son ampleur et met en difficulté la première ministre Thérésa May pour négocier un accord de sortie pouvant satisfaire toutes les parties prenantes.
Plusieurs scénarios pourraient se dessiner sur le Brexit, sans qu’il soit possible de savoir lequel est le plus probable à ce jour :
- La date du Brexit, prévue le 29 mars, pourrait être repoussée pour donner plus de temps aux négociations. Cette option est rendue difficile par la tenue des élections européennes en mai. En effet, le Royaume-Uni n’aura plus de députés européens à Bruxelles suite à son départ de l’UE. Mais si les élections ont lieu alors que le pays est toujours membre de l’UE, il semble aberrant que les électeurs britanniques ne votent pas aux élections européennes,
- Un deuxième référendum pourrait éclaircir la situation. Cependant, personne ne s’accorde sur la question à poser aux électeurs. Les opposants au Brexit souhaitent faire revoter sur le principe même du divorce avec l’UE, ce qui est impensable pour les partisans du Brexit. La question posée aux électeurs pourrait porter sur les modalités du divorce avec l’UE, mais là encore, les opinions divergent sur ces modalités et sur les choix qui pourraient être soumis au vote,
- La tenue d’élections anticipées au Royaume-Uni pour résoudre la crise politique. Cependant, les divisions étant intenses entre partisans et opposants du Brexit, ainsi que sur ses modalités précises, des élections risqueraient de ne pas clarifier la situation. D’autant plus que les divisions actuelles dépassent les clivages politiques traditionnels et que le temps qui resterait à un nouveau gouvernement pour négocier avec l’UE serait fortement réduit, la date butoir étant fixée au 29 mars,
- Une sortie de l’UE sans accord. Cette option impliquerait le retour d’une frontière « dure » entre le Royaume-Uni et l’UE ainsi que le retour de droits de douane qui pourraient déclencher une crise économique.
Brexit : quelles conséquences d’une sortie sans accord ?
Chacun s’accorde à dire qu’un Brexit sans accord créerait de nombreuses perturbations dans le commerce, le transport aérien ou les services financiers, même si le chiffrage de ces perturbations est très incertain
En effet, dans ce cas, une frontière serait instaurée dans la nuit du 29 au 30 mars, sans que le pays soit administrativement préparé à un tel scénario. Il en résulterait d’immenses files d’attente à la sortie du tunnel sous la manche qui perturberaient l’industrie, voire des pénuries pour certains médicaments ou produits alimentaires.
Une étude de la Banque d’Angleterre parue à l’automne 2018 indiquait qu’un tel scénario déclencherait une crise économique supérieure à celle de 2008, avec un plongeon du PIB de 8 %. Ces chiffres alarmistes ne font pas l’unanimité mais il semble indéniable que l’industrie automobile et aéronautique, très dépendante du marché européen, souffrirait de l’allongement des délais de livraison et de l’instauration de droits de douane.
De plus, l’incertitude économique et politique pourrait entraîner un plongeon de la livre sterling. Les exportations britanniques gagneraient certes en compétitivité, mais l’inflation bondirait, rognant le pouvoir d’achat des ménages et conduisant à une hausse des taux d’intérêts.