Le rêve d’une bourse pan-européenne semble une lointaine chimère. En témoignent les rivalités nationales à l’origine déjà de plusieurs ratés historiques. Dernier en date, l’échec, en 2017, du rapprochement entre les places de Londres et Francfort. Cela n’empêche pourtant pas les manœuvres de se poursuivre. Euronext a ainsi lancé juste avant Noël, une Offre Publique d’Achat (OPA) non sollicitée sur la Bourse d’Oslo, dernière place nordique encore indépendante.
Enchère et surenchère pour la belle norvégienne
Mais l’Oslo Børse ne semble pas vouloir succomber aux assauts impétueux du Français et préfère pour l’instant se laisser séduire par son concurrent américain, le Nasdaq. En effet, Euronext, qui regroupe les places boursières de Paris, Amsterdam, Dublin et Lisbonne, a vu le 30 janvier dernier son offre concurrencée par une OPA amicale du géant américain Nasdaq, célèbre entre autres pour la cotation de grandes valeurs technologiques.
Une offre publique consiste pour une entreprise initiatrice à faire savoir publiquement qu’elle souhaite acheter, contre une somme en espèces (OPA), ou en échange de ses propres titres (OPE) tout ou partie des titres d’une autre société cible. Si la cible est d’accord pour cette offre, on dit que l’opération est amicale. Si elle s’y oppose, l’offre est inamicale. Dans ce cas, la cible peut solliciter l’offre d’un autre concurrent, amicale cette fois-ci. L’initiateur de cette nouvelle offre est alors appelé « chevalier blanc ».
Mais Euronext, fort du soutien de plus de 50 % des actionnaires de la bourse norvégienne a décidé de surenchérir en relevant son offre de 9 % à près de 700 millions d’euros. Celle-ci est valable jusqu’au 11 mars prochain. Cette nouvelle offre ne semble toujours pas avoir convaincu le conseil d’administration norvégien qui préfère toujours se marier avec la plate-forme américaine.
La décision revient in fine aux autorités norvégiennes
La logique financière devrait plaider pour Euronext. Le groupe voit dans la place d’Oslo le moyen de se diversifier dans des produits dérivés plus rentables et moins cycliques que le segment des actions traditionnelles par exemple. Cette intégration devrait donc améliorer le profil bénéficiaire d’Euronext. De plus, son offre est pour l’instant supérieure à celle de son concurrent américain.
Mais l’Américain peut parier sur la fibre nationale, ou en tout cas nordique. En effet, le Nasdaq possède déjà l’ensemble des bourses scandinaves et Oslo est la dernière pièce du puzzle. Cette logique intégrative pourrait prévaloir sur les considérations financières et amener le ministère des Finances norvégien et le régulateur du pays (l’équivalent de l’AMF en France) à avaliser plutôt l’offre américaine.
En tout cas le feuilleton n’est certainement pas terminé. Il est probable que le Nasdaq réfléchisse déjà à la forme que prendra sa riposte qui lui permettrait d’enlever définitivement la dernière place boursière viking encore indépendante.