L’exceptionnel développement économique de la Chine
Au cours de ces 20 dernières années, la Chine a connu une croissance exceptionnellement élevée (9 % par an en moyenne), ce qui lui a permis de devenir la seconde économie mondiale.
Cette croissance a été stimulée par la migration de paysans vers les usines des villes, cette main d’œuvre bon marché ayant stimulé le développement industriel et la construction.
Les faibles coûts de production chinois ont également favorisé une croissance rapide des exportations. Le volume des exportations de biens ayant augmenté en moyenne de près de 14 % par an au cours de 20 dernières années, avec une hausse record de 33 % sur la seule année 2003.
Ce développement de l’industrie exportatrice, couplé à une modération salariale qui a freiné la consommation (donc les importations) a généré un gigantesque excédent du compte courant qui a culminé à près de 10 % du PIB en 2017.
Le compte courant correspond à la balance commerciale (exportations – importations) à laquelle on ajoute les échanges de services et les transferts de revenus (rapatriement de profits, envoi d’argent par des travailleurs immigrés…).
Les chiffres de la croissance chinoise sont régulièrement critiqués pour leur manque de fiabilité. En effet, lorsque la croissance des différentes provinces est additionnée, le chiffre obtenu diffère du chiffre officiel. Les autorités locales gonfleraient leurs statistiques pour se faire bien voir de Pékin. Il est donc possible que la croissance réelle de la Chine soit inférieure aux chiffres officiels indiqués dans le graphique ci-dessus.
Pourquoi l’économie chinoise ralentit ?
Depuis plusieurs années la croissance chinoise montre des signes d’essoufflement pour plusieurs raisons.
Fin des mouvements migratoires
Premièrement, les mouvements rapides de migration des populations rurales vers les villes qui avaient entraîné des gains de productivité élevés et une industrialisation à marche forcée prennent fin. La croissance ne peut donc plus être tirée par le déplacement de paysans peu productifs vers des métiers industriels et de construction plus productifs.
Augmentation du coût du travail
Deuxièmement, le coût du travail a fortement augmenté. La hausse rapide des salaires, si elle stimule la consommation intérieure, pénalise les exportations. En 2018, les exportations de marchandises chinoises ont progressé de 5,4 %, soit un rythme nettement inférieur à la moyenne des 30 dernières années. De plus, les sanctions commerciales de Donald Trump pourraient à l’avenir pénaliser les exportations chinoises bien que ce ne semble pas être le cas pour l’instant.
Diminution de la population active
Troisièmement, la population en âge de travailler a commencé à baisser depuis 2015. Cette tendance va s’accélérer dans les années à venir. La politique de l’enfant unique a en effet conduit à un vieillissement démographique accéléré qui commence à peser sur la dynamique de la croissance.
Risques liés à un endettement excessif
Enfin, la Chine a stimulé sa croissance par une frénésie de construction alimentée par la dette. En effet, depuis 2008, l’endettement total du pays (ménages, entreprises et Etat) est passé de 146 % du PIB à environ 250 % du PIB, soit une progression extrêmement rapide. Cet endettement a principalement financé la construction de logements et d’infrastructures. Cette frénésie de construction semble toucher à sa fin, ce qui pèse sur la croissance. De plus, il existe un risque élevé d’éclatement d’une bulle immobilière qui déclencherait une crise similaire à celle qu’ont connue les Etats-Unis en 2008 lors de la crise des « subprimes ».
Les conséquences mondiales du ralentissement chinois
La Chine étant financièrement peu connectée au reste du monde (les capitaux ne peuvent pas sortir librement du pays), une crise financière en Chine (notamment l’éclatement d’une bulle immobilière) pourrait avoir des effets modérés sur la finance mondiale.
Cependant, le pays est très gourmand en matières premières, notamment pour entretenir sa frénésie de construction. La Chine, qui compte pour environ 20 % de la population mondiale et 13 % du PIB mondial, consomme 60 % du ciment et environ 50 % du charbon, du cuivre, de l’acier et de l’aluminium mondial.
Toute mauvaise nouvelle sur l’économie chinoise entraîne un fléchissement du cours des matières premières. Un ralentissement prolongé ou l’effondrement du secteur de la construction entraînerait un plongeon du prix des matières premières avec des conséquences lourdes pour les pays producteurs.