L’inquiétude a gagné les milieux économiques. La croissance européenne montre de sérieux signes d’essoufflement. Passe encore que l’Italie soit entrée en récession : les incertitudes politiques et les tensions avec l’Union européenne pour faire accepter le budget italien ont bien pu créer quelques formes d’attentisme des investisseurs. La France quant à elle, dont la croissance a montré aussi des signes de ralentissement l’année dernière, peut se cacher derrière ses « gilets jaunes ».
Mais l’inquiétude vient plus particulièrement de l’Allemagne qui a frôlé la récession fin 2018.
Pour qu’il y ait récession, il faut que pendant deux trimestres consécutifs, la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) (ou la production d’un pays) passe sous la barre de 0 %. Ainsi, après un recul de 0,2 % au 3e trimestre 2018 par rapport au trimestre précédent, la croissance allemande a stagné au 4e trimestre ce qui évite à l’Allemagne d’être techniquement déclarée en récession.
Croissance : la locomotive européenne à la peine
Depuis avril 2018, l’indicateur de l’institut ZEW qui mesure le sentiment des Allemands sur l’état de leur économie est dans le rouge.
Or l’Allemagne est la première puissance européenne et c’est elle qui a été pendant ces dernières années la locomotive de la croissance européenne. Elle a entrainé avec elle beaucoup de pays, d’Europe centrale et de l’est notamment, qui l’alimentait en usines sous-traitantes.
Plusieurs éléments ont été avancés, en particulier le ralentissement de la puissante industrie automobile. Celle-ci tourne au ralenti car elle doit intégrer de nouvelles normes européennes sur les motorisations. De plus le risque de rétorsions commerciales formulées par le président américain Donald Trump auquel fait face ce secteur clé ne doit pas favoriser les décisions d’investissement.
Pour finir, comme le reste des pays européens, la hausse du pétrole en 2018 a pesé sur l’économie.
Un mal bien plus profond
Cependant, la crainte que le mal soit plus structurel est alimentée par une faiblesse plus générale de l’industrie allemande, en particulier exportatrice. En effet, l’Allemagne a été le premier bénéficiaire de la forte croissance mondiale des pays émergents. Elle les a équipés en matériel pour ses usines et ses consommateurs. Sa balance commerciale affiche une santé insolente ce qui explique les tensions commerciales avec les Etats-Unis.
Les exportations allemandes montrent depuis le 2e semestre 2018 un tassement qui semble bel et bien indiquer un recul de la demande internationale pour les produits allemands. C’est ce que semble indiquer le tassement de la croissance chinoise, qui malgré un taux de plus de 6 %, n’a jamais été aussi basse depuis 30 ans.
Pas encore de panique pour l’instant mais des signes de faiblesse, sans doute alimentés par le contexte actuel de tension commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, ou encore le Brexit. La Banque Centrale américaine semble l’avoir bien compris en mettant actuellement sur pause son resserrement monétaire.