Algérie : une trajectoire économique particulière
Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a tenté de mettre en place un développement économique autonome en développant son industrie par substitution aux importations, c’est-à-dire en privilégiant la production nationale au détriment des importations.
D’une manière générale, l’économie algérienne est restée largement fermée aux flux de marchandises, de services et de capitaux. Le pays est par exemple un des rares à ne pas être membre de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Une des caractéristiques du pays est le poids du secteur des hydrocarbures. Selon le Fonds Monétaire International, en 2018, sur 39,5 milliards de dollars d’exportations, 37,9 milliards étaient des hydrocarbures.
L’importance du secteur pétrolier en Algérie est à double tranchant. D’une part il génère une source facile d’exportations et donc d’entrées de devises. Mais d’un autre côté il freine le développement d’autres secteurs en mobilisant les capitaux et la main d’œuvre la plus compétente. De plus, les ressources naturelles génèrent, dans le cas algérien comme dans beaucoup d’autres, du clientélisme et de la corruption.
Contrairement à une idée qui semble intuitive, posséder des ressources naturelles (pétrole, gaz, minerais…) n’est pas une garantie de développement économique ; cela peut même se révéler un frein. La « malédiction des matières premières » est connue des économistes sous le nom de « syndrome hollandais ». La découverte de gaz en mer du Nord au large des Pays Bas dans les années 1960 s’est révélée nuisible pour l’économie du pays. L’exploitation gazière a en effet poussé les salaires et le taux de change à la hausse, pénalisant l’industrie locale.
Les difficultés économiques persistantes en Algérie
En termes de PIB par habitant, l’Algérie se classait en 2017 à la 110ème place mondiale, entre le Sri Lanka et le Kosovo, mais légèrement devant le Maroc et la Tunisie.
Le chômage y est élevé, à un peu plus de 12 % de la population active selon le FMI, mais touche plus de 28 % des jeunes.
La croissance reste poussive pour un pays en développement (1,6 % en 2017, 3 % en 2018 selon les chiffres provisoires du FMI), l’inflation atteint 7 %, le déficit public est de 9 % du PIB et le déficit du compte courant de 10 % du PIB.
De plus, l’économie étant très dépendante du pétrole, le pays est vulnérable à toute chute durable du prix du baril de brut qui viendrait dégrader une conjoncture déjà morose.
Enfin, l’Algérie souffre d’une administration envahissante et inefficace qui freine le développement des entreprises et empêche la création d’une base industrielle qui permettrait de créer des emplois, d’équilibrer les comptes externes et de sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures.
Par exemple, dans le classement « doing business » de la Banque Mondiale qui estime la facilité avec laquelle les entreprises peuvent se développer dans un pays, l’Algérie figurait à la 157ème place mondiale en 2018.
Cette situation économique dégradée alimente le mécontentement populaire, d’autant plus que le président Bouteflika, malade depuis 2013, n’a pas entrepris les réformes nécessaires depuis son arrivée au pouvoir en 1999, et ne semble pas disposé (ou capable) à améliorer les perspectives futures de l’économie algérienne.