Pourquoi la BCE ne compte pas resserrer sa politique monétaire ?
Suite à la crise des subprimes de 2008, la BCE a massivement assoupli sa politique monétaire en baissant son principal taux directeur, le taux de refinancement. Ce taux est tombé à 0 % en mars 2016 et est resté à ce niveau depuis. Suite à un ralentissement de la croissance en Europe, la BCE a annoncé que ce taux ne sera pas relevé avant la fin de l’année et pourrait ensuite rester à 0 % « aussi longtemps que nécessaire », selon la déclaration de la BCE.
La variation du taux de refinancement est un des principaux instruments de politique monétaire. En effet, suite à l’octroi de crédit, les banques doivent se refinancer. Plus le taux de refinancement est faible, plus les banques sont incitées à prêter, ce qui stimule l’investissement et la consommation.
De plus, la BCE a annoncé une troisième vague d’opérations ciblées de refinancement à long terme (targeted longer-term refinancing operations, souvent abrégé en TLTRO) menée entre septembre 2019 et mars 2021.
Les TLTRO sont des prêts à long terme que la BCE accorde aux banques afin de les inciter à accroître leur activité de prêt à destination des entreprises et des consommateurs de la zone euro.
La particularité de ces prêts est leur maturité. En effet, les prêts accordés aux banques par la BCE sont généralement de court terme (une semaine). Dans le cadre des TLTRO les prêts de la BCE ont une échéance de deux ans. Des prêts de plus long terme donnent plus de stabilité aux banques dans leurs opérations de refinancement et visent ainsi à stimuler l’octroi de crédit.
Qu’attendre des décisions de la BCE ?
L’ensemble des taux d’intérêts a été orienté à la baisse suite aux annonces de la BCE. Par exemple, le taux d’intérêt sur les emprunts de l’État français à 10 ans a chuté de 0,56 % début mars à 0,38 % le 8 mars. Cette baisse diminue la charge d’intérêts que l’État et les autres emprunteurs ont à payer, ce qui leur donne une plus grande marge de manœuvre financière.
Cependant, cela fait plusieurs années que la BCE, ainsi que la plupart des autres banques centrales des pays développés, maintiennent leurs taux d’intérêts bas et augmentent la liquidité accordée aux banques.
Jusqu’ici, cette politique n’a pas conduit à un rebond significatif de la croissance. En effet, la BCE peut inciter les banques à prêter, mais elle ne peut pas forcer les entreprises à s’endetter pour lancer de nouveaux investissements.