L’hebdomadaire britannique publie chaque année un rapport sur le coût de la vie dans 130 villes dans le monde. Pour cela, il relève le prix de 160 produits et services sur différentes gammes (supermarché, magasin de détail haut-gamme, …) dans chacune de ces villes. C’est donc environ 400 catégories de prix qui sont passées à la moulinette pour en tirer un indice du coût de la vie.
Paris toujours plus cher
La capitale française est passée, ex-aequo, en tête de ce classement après avoir été 2e l’année dernière et 7e en 2017. Singapour s’est maintenue en tête et elle a été rejointe par Hong-Kong, l’autre grande ville asiatique du monde des affaires.
Rang |
Ville |
Evolution |
1 |
Singapour |
0 |
1 |
Paris |
1 |
1 |
Hong Kong |
3 |
4 |
Zurich |
-2 |
5 |
Genève |
1 |
5 |
Osaka |
6 |
7 |
Séoul |
-1 |
7 |
Copenhague |
1 |
7 |
New York |
6 |
10 |
Tel Aviv |
-1 |
10 |
Los Angeles |
4 |
En fin de classement, les villes les moins chères du monde seraient Caracas au Venezuela et Damas en Syrie. Il ne fait donc pas forcément bon vivre là où le coût de la vie est faible.
Coût de la vie dans les grande métropoles : un indice avec beaucoup de faille
Que penser de cet indice ? La vie à Paris est-elle vraiment plus chère qu’à Genève ou New-York ? Et les Vénézuéliens, marqués quotidiennement par des pénuries alimentaires, ont-ils vraiment l’impression de vivre dans un pays où le coût de la vie est faible ?
Un indice pour le citoyen américain
La principale limite de cet indice est que l’ensemble des prix relevés par The Economist est ensuite converti en dollar. Il y a donc un effet change significatif. Ainsi, si le dollar baisse contre l’euro, les villes de la zone euro vont devenir plus chères. De même, la dévaluation d’une monnaie par rapport au dollar va se traduire par une hausse du pouvoir d’achat en dollar.
Ce classement est donc sujet à l’évolution des devises mondiales mais aussi à l’hyperinflation dans des pays où la monnaie nationale n’a plus de valeur. Par exemple, en Syrie ou au Venezuela, la population survit essentiellement grâce à un marché noir libellé dans un dollar extrêmement difficile à se procurer.
Deuxième limite : le panier de dépenses est adapté au mode de vie d’hommes et de femmes d’affaires américains se logeant dans des chaines hôtelières mondialisées. Les dépenses de logement dans des palaces parisiens ne reflète pas nécessairement le coût réel du logement pour un habitant, même s’il est devenu très coûteux de louer un logement à Paris. De même le coût des écoles privées entre dans l’indice mais la gratuité de l’enseignement public n’est pas prise en considération.
Un indicateur pour comparer des coûts de la vie dans une même zone monétaire
Il est plus pertinent de mesurer le coût de la vie en calculant le nombre d’heures de travail nécessaire à un salarié pour acquérir un panier de produits représentatifs de son quotidien. Il faudrait donc que cet indice utilise au moins un taux de change à Parité de Pouvoir d’Achat (PPA) pour corriger le biais du taux de conversion en dollar.
La PPA mesure le pouvoir d’achat d’une monnaie pour un consommateur pour se procurer le même panier de biens et de services qu’un autre consommateur dans un autre pays. Il est en particulier utiliser pour comparer le PIB par habitant entre différents pays. Contrairement au taux de change, ce taux de conversion entre les monnaies tient alors compte du « coût de la vie ». Il est donc plus près de la richesse réelle par habitant.
Cet indicateur publié par The Economist a cependant le mérite de comparer des paniers de biens et de services identiques. Sous réserve de la limite liée au type de produits du panier, il donne donc une indication du classement du coût de la vie entre villes partageant la même devise.
C’est le cas de la zone euro par exemple. Et là, Paris ressort toujours bien comme la plus chère des capitales de cet espace monétaire !
L’étude complète étant très chère, La finance pour tous n’y a pas eu accès. Nous vous invitons à télécharger si vous le souhaitez la version courte en allant sur l’onglet Intelligence Unit du Nouvel économiste.