Où en sont les relations commerciales sino-américaines ?
Depuis son investiture à la présidence des États-Unis en janvier 2017, Donald Trump a mis en place (ou menacé de mettre en place) une série de droits de douane à l’encontre des marchandises européennes, mexicaines, canadiennes, chinoises… Beaucoup de ces menaces sont restées sans effet mais Donald Trump a tout de même imposé des droits de douane de 10 % sur 200 milliards d’importations chinoises dans le courant de 2018.
L’objectif affiché de cette mesure est de réduire le déficit commercial qu’ont les États-Unis avec la Chine. En 2018, les exportations américaines vers la Chine étaient de 120 milliards de dollars. Dans le même temps, les importations américaines de produits chinois se montaient à 539 milliards de dollars. Le déficit commercial bilatéral des États-Unis avec la Chine se montait donc à 419 milliards de dollars.
Cependant, les droits de douane imposés à la Chine n’ont pas empêché le creusement du déficit commercial bilatéral. En effet, celui-ci était de 375 milliards de dollars en 2017 et de 347 milliards de dollars en 2016.
Le chiffre très élevé des importations américaines en provenance de Chine résulte en partie de la manière dont les données sont collectées. En effet, la Chine assemble de nombreux produits dont elle importe les composants. Les États-Unis importent donc, via la Chine, des produits du monde entier. Comme la Chine est le dernier pays par lequel ils transitent, ils sont comptabilisés comme des importations chinoises.
La dynamique du commerce entre la Chine et les États-Unis n’a pas été sensiblement modifiée par l’instauration de droits de douane américains. Cela peut s’expliquer par le fait que la production chinoise est difficilement substituable par d’autres fournisseurs (en tout cas à court terme). De plus, Donald Trump a fortement réduit la fiscalité, ce qui a stimulé la consommation américaine, et donc les importations en provenance de Chine.
Qu’attendre des nouvelles taxes de Donald Trump ?
Donald Trump a surpris en annonçant qu’il porterait à 25 % (au lieu de 10 % précédemment) les droits de douane sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises. Il s’est même déclaré prêt à taxer l’intégralité des importations chinoises.
Cette hausse doit intervenir dès le vendredi 10 mai, il n’est cependant pas exclu que Donald Trump fasse volte-face, comme cela a été le cas à plusieurs reprises par le passé. Cette annonce de droits de douane majorés est peut être une stratégie de la part du président américain pour peser dans les négociations actuellement en cours avec Pékin, les États-Unis voulant pousser la Chine à augmenter ses achats de produits américains et à mieux respecter la propriété intellectuelle.
De nombreux économistes spécialistes du commerce international, tels que Paul Krugman, doutent de la pertinence et de l’efficacité des mesures instaurées par Donald Trump.
En effet, le déficit commercial élevé des États-Unis (qu’il soit vis-à-vis de la Chine ou d’autres pays) résulte du niveau élevé de consommation américaine plus que de quelconques pratiques déloyales de la part de la Chine.
Ainsi, taxer les importations chinoises reviendrait simplement à déplacer les importations américaines vers d’autres pays (Vietnam, Mexique…) qui pratiquent des prix moins compétitifs que la Chine. Le premier perdant serait donc le consommateur américain, victime de prix plus élevés.