Finance solidaire : une croissance certes, mais ralentie
Alors que 2017 avait été une année record pour la finance solidaire, avec un taux de croissance à deux chiffres (18,3 %), 2018 a vu son encours augmenter de « seulement » 8,7 % pour atteindre les 12,56 milliards d’euros. Ce relatif ralentissement n’empêche donc pas la finance solidaire de se développer une année encore : « l’engouement croissant des Français pour placer leurs économies au service de projets d’utilité sociale » est souligné par Patrick Sapy, directeur de Finansol depuis avril 2019.
Finansol est une association regroupant des acteurs de la finance solidaire (entreprises solidaires, banques, sociétés de gestion…) qui promeut une finance « éthique, humaniste et solidaire », et qui labellise des produits de placement.
Les raisons d’une croissance mitigée
Mais alors… si engouement il y a, pourquoi la croissance a-t-elle ralentie ? Il y a deux principales raisons à ce phénomène :
- la conjoncture défavorable des marchés financiers sur lesquels l’épargne solidaire s’appuie (le CAC 40 a connu un repli de 11 % en 2018) ;
- la suppression de l’ISF qui a freiné l’incitation fiscale des particuliers à investir dans les entreprises solidaires. Car avec la mise en place de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), l’investissement dans des sociétés solidaires ne donne plus droit à une réduction d’impôt.
Toutefois, malgré ce contexte défavorable, la finance solidaire tire son épingle du jeu grâce à 423 000 nouvelles adhésions et à un plus grand soutien des investisseurs institutionnels tels que Mirova Emploi France ou la Banque Postale, cite Patrick Sapy. Les investisseurs ont promu l’offre solidaire à un moment où la demande pour celle-ci progresse : le patrimoine financier des Français est, en 2018, composé à 0,25 % d’une épargne solidaire (contre 0,23 % en 2017).
« Les Français sont toujours plus nombreux à vouloir donner du sens à leur argent », selon Finansol.
Finance solidaire : les nouveaux adhérents
D’où viennent les nouvelles souscriptions ? Il y a trois manières permettant de faire des placements d’utilité sociale et, en 2018, elles ont toutes réussi à attirer de nouveaux épargnants :
- via leurs entreprises, c’est ce qu’on appelle l’épargne salariale solidaire. Elle a augmenté de 8,3 % en 2018 et se rapproche des 8 milliards d’euros (7,99) ;
- via les banques et mutuelles d’assurance, c’est l’épargne bancaire solidaire. Elle a cru dans les mêmes proportions et s’affiche désormais à presque 4 milliards d’euros (3,92) ;
- en investissant directement dans des entreprises solidaires. En 2018, ces souscriptions ont connu la meilleure performance : + 16,8 %, bien que leur montant en volume soit moindre que les deux autres (0,65 milliard d’euros).
L’impact des placements solidaires
L’épargne solidaire a permis de faire des dons à des associations (à hauteur de 4,1 millions d’euros) et de financer des entreprises ou des projets à forte utilité sociale. Concrètement, cela donne quoi ?
Des emplois créés ou consolidés (48 000), l’accueil de 3 500 individus dans des logements et hébergements sociaux, un soutien économique pour 70 acteurs dans les pays en développement et l’équipement en électricité renouvelable de 22 600 foyers.
Changements à venir pour la finance solidaire
Les acteurs de l’économie sociale et solidaire se sont battus pour intégrer des éléments de finance solidaire dans la Loi Pacte. Dans l’attente de la mise en place de cette loi, plusieurs chantiers sont au programme, et notamment :
- la présence obligatoire d’une assurance-vie solidaire chez les assureurs d’ici 2022 (c’est-à-dire la présentation de contrats d’assurance avec des unités de compte verte et solidaire) ;
- l’obligation de proposer une épargne-retraite d’entreprise solidaire (idem) ;
- le fléchage de l’épargne solidaire par l’agrément entreprise solidaire (ESUS) ;
- l’inclusion des activités culturelles dans les entreprises solidaires ; la possibilité pour les coopératives de proposer leurs parts sociales sur les plateformes de crowdfunding.