Le plongeon du pétrole
Le prix du pétrole a dégringolé ces derniers jours, passant de pratiquement 70 dollars le 30 mai à moins de 61 dollars quatre jours plus tard. Le 31 mai, le pétrole a même plongé de 3,5 dollars en quelques heures.
Les causes des variations de prix sur les marchés sont toujours difficiles à déterminer avec certitude, les agents pouvant réagir à des comportements moutonniers tout autant qu’à des variations des fondamentaux. Pourtant, la dégringolade du pétrole semble bien être causée par la dégradation des perspectives de croissance mondiale. En effet, la Chine et les États-Unis paraissent engagés dans un conflit commercial durable, les hausses de droits de douane chinois répondant aux taxes américaines. De plus, Donald Trump a annoncé de façon totalement inattendue des droits de douane de 5 % sur les importations mexicaines à partir du 10 juin.
Cette hausse des droits de douane risque de freiner le commerce mondial et, si elle s’intensifie, de peser sur la croissance mondiale. En conséquence, la demande de pétrole pourrait décroître, ce qui explique la récente chute du prix.
Les valeurs refuges à la hausse
Certains actifs sont qualifiés de « valeurs refuges » car les investisseurs les achètent pour se protéger pendant les périodes de crise. L’évolution de leur prix est donc un baromètre de la conjoncture, une hausse des valeurs refuges traduisant un accroissement du risque perçu par les investisseurs.
La principale valeur refuge est l’or, dont le prix a bondi de 4 % en moins d’une semaine, ce qui traduit une inquiétude croissante quant au risque de crise.
De la même façon, le franc suisse s’est apprécié de près de 1 % contre l’euro depuis la fin mai. Le franc suisse est, comme l’or, une valeur refuge du fait de la stabilité du pays et de confiance qu’inspire la monnaie helvétique.
Des taux en baisse
Le taux auquel s’endette les principaux États ont baissé ces derniers jours. En France, le taux des emprunts d’État à 10 ans était de 0,122 % le 4 juin, comparé à 0,175 % le 30 mai. L’Allemagne et les États-Unis ont connu une évolution similaire.
Si cette baisse des taux est une bonne nouvelle pour les finances publiques, puisque les États paieront moins d’intérêts, elle indique que les investisseurs anticipent plutôt un ralentissement de la croissance. En effet, si la croissance ralentit, les banques centrales n’augmenteront pas leurs taux d’intérêts (voire elles les baisseront dans le cas des États-Unis) puisque l’inflation restera basse. La perspective de taux d’intérêts et d’une inflation durablement basse pousse les investisseurs à prêter aux États, même à des taux très faibles.
La crise n’est pas certaine
Les évolutions des marchés donnent des indications sur le moral des investisseurs, mais elles ne présagent en rien une crise future. Comme le disait le lauréat du prix Nobel Paul Samuelson « les marchés ont prévu neuf des cinq dernières récessions ».
De plus, les marchés boursiers, que ce soit le CAC 40 en France ou le Dow Jones aux États-Unis ont légèrement rebondi ces derniers jours. Tous les indicateurs ne sont donc pas orientés à la baisse puisqu’une hausse des cours boursiers indique que les investisseurs anticipent une hausse des profits des entreprises.