Pourquoi les taux sont-ils si bas ?
Depuis plusieurs années les taux d’intérêt auxquels s’endette l’État (cela est également vrai pour les ménages et les entreprises) sont en baisse constante.
En effet, la Banque Centrale Européenne (BCE) a progressivement baissé ses taux directeurs dans le but de rendre le crédit plus attractif et ainsi de stimuler la croissance. De plus, la BCE, par sa politique d’assouplissement quantitatif (ou QE) a racheté massivement des obligations d’État dans le but affiché d’en faire baisser les taux.
Cette politique monétaire expansionniste explique la très forte baisse des taux souverains.
Fin juin, le taux à 10 ans est autour de 0,025 % et il est même momentanément passé en territoire négatif. Ce plongeon des taux s’explique par l’annonce de Mario Draghi, président de la BCE, qui a déclaré que la BCE se tenait prête à racheter plus de titres de dette publique en cas de faiblesse de la croissance.
L’État s’endette à des échéances variées, pouvant aller jusqu’à plusieurs décennies. Plus la maturité est longue, plus le taux d’intérêt est élevé ; puisque les prêteurs immobilisent leur épargne sur une durée plus longue ils exigent en retour une rémunération plus élevée. Le taux des obligations à échéance 10 ans est le plus observé car il correspond pratiquement à la maturité moyenne, c’est-à-dire l’échéance moyenne de remboursement, de la dette publique française (autour de 8 ans).
Quelles sont les conséquences de cette baisse des taux ?
La faiblesse des taux résulte d’une action délibérée de la BCE visant à donner une bouffée d’air aux États endettés. En effet, plus les taux sont bas, plus les charges d’intérêt diminuent.
Cependant, les taux bas sont le reflet de profondes difficultés économiques : c’est parce-que la croissance et l’inflation sont faibles que la BCE peut pousser à la baisse les taux de manière agressive. Si l’inflation était plus élevée, la BCE ne pourrait pas se permettre une telle politique car elle stimulerait encore plus la hausse des prix.
De faibles taux d’intérêts peuvent également pousser les États à s’endetter de façon excessive. Tant que les taux sont proches de 0 %, les dettes publiques sont soutenables, mais le risque est que les États abusent de la situation actuelle et se retrouvent en difficulté en cas de remontée des taux.
Enfin, de faibles taux d’intérêt représentent une taxe sur les épargnants puisque ceux-ci perçoivent une rémunération inférieure à l’inflation. La politique de la BCE peut donc se voir comme un moyen détourné de collecter de l’impôt sur les épargnants au profit de l’État.
L’inflation est actuellement autour de 1 % alors que le taux du livret A est de 0,75 %. Ainsi, ce type de placement présente une rémunération réelle (une fois ajustée de l’inflation) négative.