En 2019, les prélèvements obligatoires directs des ménages devraient diminuer de 11 milliards d’euros, selon les prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Cette baisse de la fiscalité ainsi que l’augmentation des salaires réels devraient donc engendrer une augmentation du pouvoir d’achat des ménages d’environ 850 euros, une hausse d’une ampleur inégalée depuis la crise de 2008. Mais où trouve-t-elle son origine ?
Une fiscalité en faveur des ménages
Alors qu’en 2018, les ménages ont vu leurs prélèvements nets augmenter, l’année 2019 vient rééquilibrer une fiscalité jusque-là avantageuse pour le capital et les entreprises. Mieux encore, en 2019, le salaire réel des Français devrait augmenter de 1,9 % (alors qu’il n’avait crû que de 0,3 % en 2018).
Le salaire réel permet de quantifier ce que le salaire nominal (le salaire en euros) peut acheter, compte tenu du niveau des prix. Une augmentation du salaire réel veut donc dire que la hausse des prix a été inférieure à la hausse des salaires nominaux.
Des mesures prévues pour le pouvoir d’achat
Certaines mesures concernant la fiscalité des ménages étaient initialement programmées et devaient servir à élever le pouvoir d’achat, comme la réduction de cotisations sociales (partiellement compensée par une hausse de la Contribution Sociale Généralisée-CSG) ou la poursuite des exonérations de la taxe d’habitation. Ces seules mesures devraient réduire les prélèvements obligatoires de 7,8 milliards d’euros, soit 70 % de la baisse prévue par l’OFCE.
Des mesures teintées de jaune
D’après le rapport de l’OFCE, la moitié de la hausse du pouvoir d’achat serait imputable au mouvement protestataire des « Gilets jaunes ». Tout d’abord, rappelons que les contestataires ont amené à l’annulation de la hausse de la taxe carbone qui devait réduire en partie le pouvoir d’achat.
Puis, face à l’ampleur du mouvement, Emmanuel Macron avait également annoncé en décembre des mesures en faveur du pouvoir d’achat des ménages telles que :
- une augmentation des ressources pouvant aller jusqu’à 100 euros par mois pour les travailleurs éligibles rémunérés au Smic au travers notamment d’une revalorisation de la prime d’activité ;
- la « désocialisation », ainsi que la défiscalisation des heures supplémentaires (bénéficiant à environ 8 millions de salarié·e·s) ;
La « désocialisation » consiste à exonérer de cotisations sociales ces rémunérations tandis que la défiscalisation les exonère d’impôt.
- l’octroi d’une prime exceptionnelle plafonnée à 1 000 euros, exonérée de charges et d’impôts elle aussi, en faveur des salariés touchant moins de 3 600 euros nets par mois, pour les entreprises volontaires ;
- l’annulation de la hausse de la CSG à 8,3 % pour les retraités modestes (retour au taux de 6,6 %) et le remboursement des sommes perçues en trop par l’Etat (pour environ 5 millions de retraités).
Les fumeurs supporteront la hausse fiscale sur le tabac qui devrait rapporter environ 500 millions d’euros à l’Etat.
Bien qu’une baisse des prélèvements obligatoires puisse sembler être une bonne nouvelle pour les citoyen·ne·s, cela se traduit à l’échelle nationale par une hausse du déficit public qui, selon l’OFCE, devrait dépasser le critère de 3 % du Traité de Maastricht.