L’économie grecque peine à sortir de la crise
La Grèce a traversé au cours de la décennie écoulée une des plus violentes crises économiques qu’ait connue un pays développé depuis la Grande Dépression des années 1930. Depuis 2017, l’économie grecque croît à nouveau, mais à un rythme faible et insuffisant pour effacer rapidement les stigmates de la crise (2 % de croissance en 2018). De plus, le FMI ne prévoit pas d’accélération de la croissance dans les années à venir, et même un tassement autour de 1,6 % à partir de 2021.
La situation s’est améliorée sur le front de l’emploi, avec une baisse du taux de chômage de 27,4 % en 2013 à 18 % aujourd’hui, ce qui reste néanmoins le taux le plus élevé de l’Union européenne.
Le déficit courant (qui regroupe les échanges de biens, de services et les transferts de revenus) s’est lui aussi réduit. En 2008, il atteignait 14,4 % du PIB, contre 3,3 % du PIB en 2018.
Le déficit public a également été considérablement réduit au prix d’une austérité draconienne : alors qu’il représentait 15,1 % du PIB en 2009, le solde s’est inversé et affiche un léger excédent depuis 2016. Le solde budgétaire primaire était pour sa part excédentaire de 3,7 % du PIB en 2018.
Le solde budgétaire correspond à la différence entre les recettes et les dépenses des administrations publiques (État, collectivités locales, Sécurité sociale…). Le solde budgétaire primaire est identique, à ceci près qu’il ne prend pas en compte les intérêts que les administrations publiques paient sur leur dette. La différence entre les deux soldes correspond donc au montant d’intérêts payés.
Cependant, la dette publique reste très élevée, autour de 180 % du PIB. La Grèce n’est donc pas tirée d’affaire et reste dangereusement dépendante du tourisme pour son commerce extérieur (les touristes étrangers en Grèce représentent pour le pays une exportation de services).
Quel est le programme de Kyriákos Mitsotákis ?
Après avoir été dirigée par Aléxis Tsípras depuis 2015 (qui avait un programme de gauche radical qu’il a largement atténué pour ne pas froisser les autres pays européens), la Grèce a porté la droite au pouvoir.
Le nouveau Premier ministre Kyriákos Mitsotákis a un programme d’inspiration libérale qui s’appuie sur une baisse massive des impôts pour relancer l’investissement et la consommation. Cette politique pourrait cependant fragiliser les finances publiques du pays, encore convalescentes, et compromettre l’engagement de la Grèce de maintenir un excédent budgétaire primaire de 3,5 % du PIB.
Pour améliorer durablement l’économie grecque, Kyriákos Mitsotákis devra avant tout améliorer l’efficacité de l’administration, lutter contre la fraude fiscale et favoriser le développement d’entreprises innovantes ; autant d’évolutions qui ne pourront porter leurs fruits que sur le long terme.