Depuis le début de l’année, le métal précieux est en hausse de + 8,80 %. Le rallye haussier dure depuis la fin du mois de mai, qui a vu l’or s’envoler de plus de 10 % pour atteindre les 1 400 dollars, son niveau le plus élevé depuis 2013, en pleine crise de la dette souveraine en Europe.
Mauvais présage pour l’économie mondiale ?
L’or est une valeur refuge : le cours augmente lorsque l’incertitude sur l’économie mondiale s’intensifie. Ainsi, le cours de l’once a augmenté pendant la crise pétrolière des années 1970, puis pendant la crise de 2008. Lorsque les marchés perdent confiance dans le système financier ou anticipent des hausses de prix, les investisseurs préfèrent placer leur épargne dans l’or, qui est plus stable.
Le cours de l’or a atteint son maximum historique le 25 juillet 2011, à une valeur de 1 837 dollars l’once.
Le ralentissement des économies européennes et asiatiques confirme cette tendance: le risque d’un retour du protectionnisme affecte déjà les décisions d’investissements des entreprises exportatrices. La guerre commerciale entre les Etats Unis et la Chine et l’incertitude d’un Brexit sans accord représentent les risques principaux.
Banques centrales : changement de stratégie
L’hégémonie du dollar sur les marchés internationaux accorde aux Etats-Unis un “privilège exorbitant” sur les affaires économiques internationales. La justice américaine peut donc poursuivre et sanctionner toute entreprise utilisant le dollar qui continuerait à faire des affaires avec des pays sanctionnés par Washington, c’est le cas de Cuba, des sanctions envers la Russie en 2014 et des sanctions contre le programme nucléaire de l’Iran.
Face à cette situation, les banques centrales de certains pays émergents commencent à prioriser l’achat d’or aux réserves de change (souvent placées en bons du Trésor). Les banques centrales de la Russie, de la Chine, de l’Inde et de la Turquie ont augmenté leurs achats d’or, tandis que les banques centrales européennes ont cessé d’en vendre. Le secteur représente désormais une partie importante de la demande annuelle d’or.
Les banques centrales ont acheté en 2018 un total de 651,5 tonnes d’or, soit une augmentation de 74 % par rapport à l’année précédente (374,8 tonnes).
Selon le World Gold Council, la Russie a été le premier acheteur au monde pendant l’année 2018, en ajoutant 55,3 tonnes à ses réserves, diminuant ainsi son exposition au dollar américain, face à la montée des tensions avec Washington et à la perspective de nouvelles sanctions. La Chine a ajouté 33 tonnes à ses avoirs et l’Équateur a acheté de l’or pour la première fois depuis 2014. Le Qatar, la Colombie et les pays d’Europe de l’Est, notamment la Pologne et la Hongrie ont également recommencé à acheter de l’or.
La hausse du cours du métal précieux n’implique pas nécessairement une nouvelle crise mais serait juste le reflet du bras de fer entre les Etats Unis et les pays émergents qui luttent pour un ordre mondial multipolaire en réduisant leur dépendance au dollar.
L’or tricolore
Quant à la France, la Banque de France détient la 4ème réserve mondiale en or dans ses coffres, la “Souterraine”, située à 27 m sous terre.
Cependant, jusqu’à l’année 2004 les réserves françaises s’élevaient à 3000 tonnes du métal précieux. Un programme fut accordé à partir de 2004 par le ministère de l’Economie et la Banque de France pour réduire les réserves d’or et “gérer de façon plus active les réserves de change de l’État ». Résultat: la vente d’un cinquième du stock français, soit 600 tonnes d’or pour une valeur de 4,67 milliards. Au final, à cause de la hausse spectaculaire du cours de l’or à partir de 2009 (date de la fin du programme), l’Etat français aurait perdu environ 10 milliards d’euros potentiels en sous-vendant les réserves pour acheter des devises.