Causes de la baisse de l’industrie en France
En 2016, selon des données du ministère de l’Economie, le secteur manufacturier ne représentait que 10 % du PIB français, contre 21 % pour l’Allemagne et 15 % pour l’Italie. Pour certains, cette crise de l’industrie française peut être attribuée à la perte de compétitivité des entreprises, à un coût du travail trop élevé ou à une fiscalité excessive. D’autres rejettent la faute sur la concurrence déloyale des pays en développement. Qu’en est-il finalement ?
Une étude du CEPII parue en 2019 alerte sur les limites à raisonner en termes de baisse d’exportations dans une économie mondialisée. En effet, il serait plus approprié de mesurer la performance des multinationales françaises en regardant les revenus d’investissements nets (rapatriement des profits engendrés à l’étranger). La délocalisation d’une partie importante de leur production aurait permis aux entreprises françaises d’intégrer les chaînes globales de valeur.
Alors que la production automobile des entreprises françaises augmente année après année, l’emploi dans le secteur ne cesse de chuter depuis 50 ans.
Les groupes automobiles Renault et PSA (qui regroupe les marques historiques Peugeot et Citroën, entre autres) en sont un exemple. Avec une forte présence à l’international, les deux groupes comptent chacun 33 usines dans le monde, dont deux-tiers en dehors de la France pour Renault et la moitié des usines à l’étranger pour PSA.
Les firmes automobiles françaises sont championnes de la délocalisation. La production destinée au marché domestique localisée dans des pays à plus bas revenu moyen que celui de la France est passée de moins de 10 % au début des années 2000 à près de 50 % en 2016, contre une augmentation de 10 points de pourcentage (de 15 % à 25 %) pour les marques allemandes dans la même période.
Pourtant, les activités de R&D et de conception n’ont pas suivi ce processus de délocalisation et sont restées pour la plupart localisées dans l’Hexagone. Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, on peut vite constater le poids remarquable des industries automobile et aéronautique qui ne représentent qu’une faible partie de la valeur ajoutée de l’industrie mais qui arrivent tout de même en tête en termes d’investissements en R&D (4,2 milliards d’euros et 3,6 milliards d’euros respectivement, loin devant les autres branches du secteur).
Le redressement industriel est-il possible en France ?
Pour la première fois depuis 15 ans, la France a recommencé à créer des emplois dans le secteur industriel en 2017. Cette reprise s’est même accentuée en 2018 avec la création de 9 500 emplois supplémentaires dans le secteur. En 2019, malgré un ralentissement, la création d’emplois dans l’industrie se maintient pendant le premier semestre.
Face à une montée de l’incertitude pour l’économie mondiale, symbolisée par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et la crainte d’un Brexit « dur », l’Europe peine à trouver sa place sur l’échiquier mondial. Les vents protectionnistes pourraient pourtant mener de nombreuses entreprises européennes (et donc françaises) à rapatrier leurs activités dans leur pays d’origine. La robotisation et l’essor de l’intelligence artificielle pourraient bien accélérer ce processus, car les pays développés sont en mesure de fournir des infrastructures de pointe et des « hubs » de recherche.
Cependant, cette hausse du secteur industriel pourrait juste refléter la conjoncture positive de l’économie française qui aurait entraîné une hausse du pouvoir d’achat des ménages et donc une augmentation de la demande pour les entreprises, dont le secteur industriel. Si cela se confirme, la reprise industrielle française serait donc moins solide qu’elle n’y paraît. Lors d’un retournement de la conjoncture économique, le déclin industriel pourrait donc poursuivre sa tendance.