Les Etats-Unis, en tête de la conquête de l’espace
Aucun être humain n’est retourné sur la lune depuis la mission Apollo 17 en 1972, qui mettait fin au projet lancé en 1961 par le président John F. Kennedy.
La course spatiale débute en 1957 lorsque les Soviétiques lancent le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik 1 dans l’espace. En 1961, Youri Gagarine devient le premier humain à effectuer un vol dans l’espace.
Le budget de la NASA passe de 0,5 % du budget fédéral américain en 1960 à 4,5 % en 1966. Finalement, le 20 juillet 1969, la mission Apollo 11 atteint la Lune et les trois astronautes à bord marchent pour la première fois dans l’histoire sur le sol lunaire.
Pour le président américain Donald Trump, retourner sur la lune est devenu prioritaire. La mission de la NASA, nommée Artémis (d’après la déesse grecque de la lune), prévoit de ramener des astronautes (dont la première femme) sur la surface lunaire en 2024.
L’objectif : faire de la lune un tremplin pour Mars. L’administration Obama, plus sur le long terme, avait mis en place un programme pour envoyer des humains sur Mars dès l’année 2030. En 2015, le Congrès américain a voté une loi autorisant les entreprises étatsuniennes à posséder et vendre tout matériau extrait des corps célestes afin de développer l’industrie minière spatiale.
Ainsi, les astéroïdes qui orbitent tout autour du système solaire, certains très riches en métaux précieux, pourraient apporter une solution à l’épuisement des ressources naturelles de la Terre.
Place de l’Europe dans la course spatiale
Malgré un contexte différent à celui de la guerre froide, les Etats-Unis ne veulent surtout pas se faire devancer par la Chine dans la course spatiale. Pour cela, la coopération avec d’autres pays reste essentielle.
L’Agence spatiale européenne (l’ESA) devrait fournir à la NASA le troisième module de service d’Orion, futur véhicule d’exploration. Les agences japonaises, canadiennes et russes notamment devraient aussi participer à fournir des modules pour le projet Artémis.
Pour la France, qui avait surpris le monde entier lors du défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées avec le Flyboard Air de Franky Zapata, le plus important reste d’assurer la défense de l’espace et de prévenir son arsenalisation (ou militarisation). L’armée française possède onze satellites d’observation, d’imagerie radar et de communication, contre trois cents pour l’armée américaine.
Cependant, le programme spatial français est encadré depuis les années 1970 dans l’ESA. Les projets concernent principalement la construction du lanceur spatial Ariane 5, la mise en orbite de satellites d’observation et la participation à la station spatiale internationale.
Budget européen de l’espace
Avec un budget de 5,72 milliards d’euros en 2019 (0,07 % des budgets des pays adhérents), l’ESA n’est pas en mesure de concurrencer la NASA américaine, leader mondial avec un budget qui s’élève à 19,8 milliards d’euros pour la même période (0,58 % du budget étatsunien).
Quant à la Chine, malgré une très forte augmentation depuis le début du siècle, le budget de son agence spatiale est de 9,8 milliards d’euros, moins de la moitié du budget américain, mais les ambitions du dragon asiatique sont importantes.
Agence |
Pays |
Budget |
Fondée |
NASA |
Etats Unis |
19,8 (2019) |
1958 |
CNSA |
Chine |
9,8 (2018) |
1993 |
ESA |
Union Européenne (22 pays) |
5,7 (2019) |
1975 |
DLR |
Allemagne |
3,8 (2017) |
1969 |
Roscosmos |
Russie |
2,5 (2019) |
1992 |
CNES |
France |
2,4 (2019) |
1961 |
Sources : Agences spatiales
La Chine, une vraie menace pour les Etats-Unis dans la course pour l’espace ?
La vitesse à laquelle la Chine arrive à surmonter chaque obstacle technologique montre à quel point le gouvernement chinois considère que l’espace est essentiel pour stimuler l’économie et promouvoir une industrie à haute valeur ajoutée et les technologies qui en découlent.
En 2003, la Chine est devenue le troisième pays à réussir un vol spatial habité dans le cadre du programme Shenzhou. Depuis, elle a complété la mission Chang’e 4 en 2018, première mission de l’histoire à effectuer un atterrissage en douceur sur la face cachée de la Lune et l’exploration du pôle Sud lunaire où elle espère installer une station de recherche scientifique. L’objectif est de construire une station spatiale dès 2022, afin de concurrencer la station spatiale internationale (ISS).
Programmes spatiaux du secteur privé
L’industrie spatiale privée a été transformée ces dernières années par l’explosion d’entreprises soutenues par des entrepreneurs célèbres, tels que Blue Origin de Jeff Bezos, Virgin Galactic de Richard Branson et SpaceX d’Elon Musk.
En conséquence, le nombre de satellites dans l’espace a connu une hausse considérable, de l’ordre de 50 % en 4 ans, de 2013 à 2017. Le Falcon 9, lanceur développé par SpaceX, est capable de placer une charge de 22,8 tonnes en orbite.
Il s’agit du premier lanceur de cette puissance développé par un opérateur privé. Les autres sociétés, Blue Origin et Virgin Galactic s’intéressent surtout au tourisme spatial et l’entreprise de Jeff Bezos vient d’annoncer en mai 2019 le développement d’un alunisseur qui pourra être utilisé pour le projet Artémis.
Le décollage du secteur privé s’est produit grâce au secteur public, sous forme de marchés publics. Selon une enquête du Wall Street Journal publié en 2016, 70 % des contrats SpaceX proviendraient du gouvernement américain. En l’occurrence, l’armée de l’air américaine aurait signé un contrat de 290 millions de dollars avec SpaceX pour le lancement de trois satellites GPS d’ici 2020.
Les entreprises privées chinoises sont elles aussi en plein essor. Le gouvernement chinois a commencé à encourager les capitaux privés dans l’industrie traditionnellement contrôlée par l’État en 2014.
Le nombre de sociétés spatiales privées chinoises, y compris les constructeurs de fusées et les opérateurs de satellites, a presque triplé de 2017 à 2018, pour atteindre 100 entreprises.
Les Chinois ambitionnent d’avoir leur propre SpaceX.
Un grand nombre d’entreprises privées lancent des satellites et explorent d’autres applications rentables pour les voyages dans l’espace. Étant donné que les lancements en Chine ne sont autorisés que sur les sites militaires, ces entités privées doivent travailler en étroite collaboration avec l’État.
L’industrie spatiale, liée étroitement au militaire, est une source fondamentale pour les recherches scientifiques. L’intelligence artificielle, la cybersécurité et la robotisation, entre autres, sont concernés par les technologies qui se développent pour faire face aux explorations spatiales et sont souvent adaptées par les entreprises pour en donner des usages civils.
Le GPS, les drones, et l’imageur infrarouge sont des exemples de technologies qui furent conçues pour des usages militaires puis reprises par des entreprises privées afin de les commercialiser auprès du grand public.